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  • Photo du rédacteurMaude Harcheb

LE MOIS 8


12 juin :


Je me réveille de bonne humeur, je me sens moi-même. Le fait de m’en rendre compte me laisse à penser que c’est devenu quelque chose d’assez râre pour être noté. Quand tout va bien, on a plutôt tendance à remarquer l’inverse : tiens, je suis fatiguée aujourd’hui, ou tiens, je suis un peu angoissée ce matin !

Moi c’est donc visiblement devenu : tiens, je me sens bien ! J’essaye de me souvenir depuis quand je ne m’étais pas sentie moi-même, je crois que ça remonte au tout début de la grossesse.


C’est à la fois un ressenti physique et psychologique, c’est dur à expliquer et ça ne va probablement pas durer très longtemps, mais c’est tellement agréable !


Je prépare un petit déjeuner à Indie, on discute, on rigole, je lui mets un soin sur les cheveux puis les tresse, je bouge sans trop de difficultés, j’ai l’énergie de ranger la table, de plier du linge, de me doucher, m’habiller et me maquiller…


Attendez…! Ça fait ça d’être bien dans sa grossesse ? Ça a l’air vraiment génial !


Je continue sur ma lancée, vais faire un plein de courses à Carrefour, rentre rapidement déjeuner puis repart aussitôt pour m’inscrire à la maternité, invincible !


Enfin, j’ai obtenu un créneau pour m’inscrire, cela faisait deux mois que j’essayais sans succés d’avoir un RDV. Soit on me disait qu’il n’y avait plus de place, soit que les créneaux n’étaient pas encore “ouverts” et qu’il fallait que je rappelle… Puis ces trois dernières semaines, il était carrément impossible de les joindre.

D’ailleurs, le numéro de la maternité est un 07, j’imagine donc qu’il n’y a pas vraiment de permanence téléphonique, mais quelqu’un qui se coltine un portable en plus de ses fonctions !


J’avoue que ça ne me rassure pas du tout, on sait bien que l’hôpital public ne va pas fort, mais ça ne laisse présager rien de bon de ne même pas pouvoir parler à quelqu’un ni s’inscrire à l’endroit où on va accoucher.


J’arrive pile à l’heure, la salle d’attente est vide. Une sage-femme m’appelle immédiatement. Je remarque directement qu’elle est enceinte elle aussi. Elle sort un dossier d’inscription, un stylo et une régle et on commence à passer en revue toute ma grossesse.

Ligne par ligne, super méthodiquement avec sa règle pour guide, elle reporte les résultats d’analyses, d’écho, me pose plein de questions.


Elle me demande si j’ai un plan de naissance, et me précise que si ils n’ont pas beaucoup de moyens ici, ils aiment quand même bien avoir nos préférences par écrit, pour nous accompagner au mieux. Je trouve ça super prévenant et très chouette !

Dans l’absolu, des équipes bienveillantes et à l’écoute, c’est mon seul vrai souhait, mais je rédigerai un petit quelque chose.


Cette jeune femme est super sympa, je me demande si elle sera toujours en poste d’ici deux mois que j’accouche, et si je la reverrai. Elle mesure ma hauteur utérine, on écoute le coeur du bébé puis elle prend ma tension. 11,7.

Wow ! Je n’ai jamais une aussi bonne tension, surtout pas enceinte ! J’me disais bien que j’étais en forme aujourd’hui ! Ceci explique sûrement cela.


“Si vous n’avez pas accouché deux jours avant le terme, vous nous appelez pour qu’on programme un RDV pour le jour J !

D’accord, mais j’espère ne pas avoir à le faire !

Je vous le souhaite.”


Sur la route du retour, j’ai les larmes au yeux. Je me dis que très bientôt, je ferai ce même chemin aller et retour pour la mater, mais que plus rien ne sera jamais pareil. On sera un de plus.

Je pense à mon amour de fille, qui est super excitée par l’arrivée de son frère, mais qui n’a évidemment aucune idée que sa vie va être bouleversée.


J’imagine mes mots au moment de partir accoucher, la dernière fois que je la prendrai dans mes bras avant que son frère ne nous rejoigne, notre dernier “câlin famille” à trois, je l’imagine jouer chez des copains alors qu’Antho et moi serons à l’hôpital, je me demande comment elle va accepter de passer d’enfant à unique à autre chose, j’imagine toutes ces drôles d’émotions qui vont nous envahir et mouillent déjà mes yeux là, tout de suite.


Mon esprit fait une sorte de “deuil” de la vie à trois, pas dans le sens où j’ai l’impression de perdre quelque chose de mieux que ce qui arrive, mais parce que je sais parfaitement qu’une page se ferme. Une merveilleuse page.

C’est très étrange, je me sens un peu entre deux mondes encore une fois. Celui où je suis la maman d’Indie, et seulement d’Indie, que j’ai peur de léser, de bousculer, de bouleverser et celui où je suis aussi la maman de mon fils, à qui je dois faire une place dans ma vie et dans mon coeur.


J’ai l’impression de trahir un peu les deux en étant à mi-chemin. Mais je ne suis pas inquiète, je sais que tout ira bien, en temps et en heure, j’ai toute confiance en la vie pour ces choses là. J’essuie mes larmes, qui m’empêchent de bien voir la route et respire un grand coup.


C’est pas de la tristesse, c’est pas de la joie, c’est de l’émotion pure, celle qu’on ne peut vraiment nommer sans la trahir.







13 juin :


Breaking news absolument DINGUE ! Tenez vous bien : cette nuit, Beyonce et moi avons accouché toutes les deux ! Oui oui, vous avez bien lu.

Queen B et moi nous sommes retrouvées dans le même hôpital et devions toutes les deux accoucher par césarienne programmée.


Alors que j’attendais tranquillement mon tour, je vois une armée de gens entourer un gros brancard, le faire rouler précipitamment et débarquer dans ma chambre. Beyonce et son staff ! Pas de Jay-Z à l’horizon, je crois qu’il avait concert.

On m’explique qu’elle doit accoucher rapidement mais qu’il n’y a plus d’autres salles disponibles, alors ça va se faire ici et maintenant ! Évidemment, ça coule de source, allez-y !


Allez savoir pourquoi, au lieu de rester pour assister à l’accouchement royal de la plus grande superstar de la planète, je m’absente alors pour aller aux toilettes ! Lorsque je reviens, la salle est vide, Beyonce n’est plus là, elle a déjà accouché ! Putain de vessie défaillante, j’ai tout raté.

Je demande un débrief à Antho, qui me raconte estomaqué : “Alors, ils l’ont ouverte, mais le sang a giclé jusque là regarde, on a pris des morceaux de trucs ! Puis ensuite elle a eu ses bébés, mais je crois qu’elle n’en voulait pas et qu’elle veut les faire adopter…”


Je suis sous le choc de cette nouvelle ahurissante : “Mais non ? Trop bizarre, pourquoi ?”. Antho hausse les épaules, perplexe lui aussi. On pas tellement le temps d’enqueter, ça va bientôt être à mon tour d eme faire ouvrir le ventre.


Je me réveille.


Et bonjour !



14 juin :


Aujourd’hui, j’ai réalisé que niveau alimentation, c’était beaucoup mieux depuis un bon moment. Je crois que je suis enfin sortie de cette sale période où tout me semblait hors de contrôle ! Je me sens apaisée et réconciliée avec la bouffe, qui n’habite plus toutes mes pensées constamment.


J’ai commencé à sentir du mieux lors de nos vacances à Malte. Le fait de sortir du quotidien, d’être en vadrouille, de manger beaucoup au resto a permis à la fois de ne pas avoir de quoi déborder sous la main - pas de placard à biscuits à dispo - et de manger de bonnes choses qui m’ont fait plaisir.


Petit à petit, les envies irrépressibles de manger sans faim ou au delà de ma faim se sont faites plus rares, moins puissantes. Je continue de prévoir les menus de façon hebdomadaire, je fais toujours attention à ne pas acheter, ou pas très souvent, les aliments qui pourraient me “déclencher”, mais je ne note plus tout ce que j’avale, je mange la plupart du temps en conscience et bien.


Je suis super soulagée, les comportements compulsifs sont tellement chronophages et humiliants. Heureusement que je me connais bien et que je me suis fait confiance.


Je reste vigilante, mais je le sens, l’orage est dans le rétro et je roule à toute vitesse dans la direction opposée.




16 juin :


Salle de sport ce matin, alors que je suis sur mon tapis de marche, un petit pied vient se loger sous une côte, créant une boule gênante et étrange. Je pousse pour déplacer ce peton, plusieurs fois, mais rien n’y fait. Il ne bouge pas d’un poil.

J’écoute un podcast passionnant, mais je suis distraite. Je pense à mon fils, à ma fille, à notre famille, au futur super proche.


Il y a encore des jours, des moments où tout ça me semble complétement fou, où je regarde autour de moi en essayant de voir la vie à quatre sans y parvenir.


Mais de plus en plus souvent, je me sens prête pour l’arrivée d’un nouvel enfant. Cette perspective me parait douce et évidente. Aujourd’hui est un jour comme ça, mon cerveau est baigné de jolies images qui arrivent sans que je les cherche.

J’ai hâte, j’y pense avec beaucoup d’amour et de joie, tellement que je me demande parfois si je ne suis pas un peu dans le déni ! Je me fais même des auto rappels pour ne pas oublier qu’il y aura des moments compliqués aussi, de fatigue, de stress, de peur…


Mais bon, j’ai déjà donné niveau idées noires, alors il est bon de me laisser aller à ces rêveries. Je mérite. Là, c’est criant, c’est frappant que la grossesse est un sacré processus, un cheminement fou.

Il y a quelques mois, tout ce qui arrivait dans ma tête était confus, désordonné, sombre, angoissant. C’était comme un ordinateur fou qui ouvrait sans cesse des fenêtres pop up dans mon cerveau, toutes plus flippantes les unes que les autres.


Plus le temps passe, plus j’avance vers la naissance de mon fils, plus je sens quelque chose de fort et fiable grandir au fond de moi.

J’ose à peine le formuler, de peur de me porter la poisse, mais j’éprouve une assurance, une sérénité, la certitude que cette rencontre va être absolument extraordinaire.






17 juin :


Aujourd’hui fut un petit marathon suffoquant. Depuis quelques jours, une vague de chaleur a envahi la France et je crève de chaud. Je repense à mes débuts de grossesse, lorsque je me disais que j’allais souffrir de la chaleur, que j’allais tenter de survivre avec un ventilo, un brumisateur et des glaces à l’eau.

Bah on y est, ça y est, c’est là ! La réalité a rattrapé la fiction.


Ces derniers jours, je me suis engagée dans une lutte sans merci contre l’escalade des températures à l’intérieur de l’appart. On dort les fenêtres ouvertes puis on referme tout dès que le soleil commence à taper. Volets, rideaux, on vit comme des vampires pour espérer ne pas dormir dans des chambres à 28 degrés la nuit venue.

Y’a pas d’air, j’envoie des prières païennes façon Céline pour demander à l’univers une petite brise fraîche, en vain.


Les nuits sont des fiasco. Vu que les fenêtres sont ouvertes, on profite allégrement de la lumière des lampadaires, de l’odeur degueu -mélange de pot pourri et de formol- de nos voisins du dessous qui ouvrent aussi leurs fenêtres, des bastons de chats, des jeunes imbibés qui rentrent de soirée, des canards qui gueulent, du camion poubelle qui passe à 5h du mat…


Mon sommeil est proche du néant, je me dis que ça me remet dans le bain pour la suite, on fait avec, on se fait une raison. Je me dis qu’il faut qu’on s’habitue, que ça va être comme ça tous les étés dorénavant. J’appréhende quand même vachement les premiers peau à peau avec le bébé si on reste sur ces températures, j’me dis qu’on va suer et qu’il va glisser sur moi comme sur une piste de ventriglisse le pauvre enfant.


Aujourd’hui particulièrement, je galère à respirer. L’air est orageux, lourd, humide, je dois inspirer plus fort que d’habitude pour oxygéner mon corps correctement.

Cours de poney, puis Indie est invitée à un anniv, puis je vais chez J dont la fille a le spectacle de musique. Il s’agit d’une sorte de spectacle itinérant, un parcours musical avec de multiples arrêts sur deux ou trois kilomètres qui, sous le cagnard, me semblent être le triple. Puis il faut se dépêcher de retourner chercher Indie et on passe la soirée chez les copains parents d’élèves.


Lorsqu’on rentre finalement chez nous le soir à 23h, il n’y a toujours pas un pet d’air. Cerise sur le gateau, la cathédrale près de chez nous déconne complétement. Ses cloches sonnent non stop pendant 45 minutes. Puis cerise sur la cerise du gateau, un mariage a lieu sur la terrasse d’un hotel à côté. Animateur en feu et playlist à base de “elle descend de la colline à cheval” et “lundi des patates, mardi des patates…”

J’abandonne. Je ferme les volets, la fenêtre, tout. On va dormir dans notre sauna et c’est tout.


Je veux juste dormir.








18 juin :


On est invités à un barbuc. Il fait tellement chaud que je m’identifie aux chipo sur le grill, je me dis qu’on se sent pareil, on crame.


On rentre vers 16h30 chez nous. Peu de temps après, l’appart devient soudainement tout noir. On ouvre les fenêtres et on observe le ciel, menaçant, même si ce qu’il nous réserve semble plutot relever du cadeau à ce stade.


L’orage éclate enfin, fort, violent. Il dure environ une heure.


J’ouvre toutes les fenêtres et on bloque les portes pour faire des courants d’air.


De l’air putain, y’a de l’air !









19 juin :



On a reçu les premiers colis pour notre fils ce matin : la table à langer, une armoire, un tapis de jeu, des couches, un thermomètre de bain…

On a mis du temps à se mettre dedans, mais on a passé une grosse commande il y a quelques jours et, soudainement, notre appartement a une allure différente.


Pendant qu’Antho monte les meubles, je répertorie tout ce qu’il faut niveau “fringues” pour le premier mois. Je ne me souviens plus, la naissance d’Indie et ses préparatifs me semblent tellement loin ! Non, parce qu’on a commandé des meubles et quelques accessoires, mais on est quand même globalement pas hyper en avance non plus !

Si on part du principe que la valise de mater et tout le reste doivent être prêts autour de la 37e semaine, il faut finir de tout acheter sans trop tarder.


Il faut combien de body ? De pyjamas ? Quelle matière ? Manches courtes ou longues ?


Je vais accoucher en plein été, je n’ai aucune idée de comment habiller un nouveau-né à cette période là ! Je passe en revue des tas de listes, je lis plusieurs articles, je demande sur Insta et je fais ma tambouille.

C’est important de faire SA tambouille parmi toutes les informations qu’on trouve à droite à gauche, qui peuvent nous rendre encore plus confus qu’avant d’avoir cherché !


Je ne suis paaaaaas du tout le genre de mère à fond dans les vêtements “mignons” pour les premiers mois, je ne vais pas aller fouiner pour dénicher LE body mignon, LA barboteuse de la marque tendance ou autre…

Je considère qu’au tout début, si ils portent ne serait-ce qu’UNE FOIS tout ce qu’on leur a prévu, c’est déjà beau ! Ils ne font pas grand chose les premières semaines hormis manger, dormir et faire caca… On achète souvent trop, ils grandissent en un clin d’œil et on reste avec des habits neufs jamais utilisés.


Preuve en est : Vinted regorge de vêtements impeccables pour nouveaux nés ! Je zieute un moment et achète des lots de bodys et pyjamas en tailles naissance, 1M et 3M. Je fais un mix de matières, velours et coton, pour avoir un peu de tout et je me dis qu’on ajustera si besoin en fonction de la chaleur.


Je regarde rapidement les fringues d’allaitement, wow, c’est un peu comme les fringues de grossesse, pas beaucoup de choix et pas très joli, exception faite de quelques marques dont les tarifs sont assez hauts.

Ma tolérance au shopping en ligne est très limitée, alors je me garde cette mission pour une prochaine fois, j’ai déjà eu ma dose pour la journée.


Antho a fini de monter la table à langer et y a installé les paquets de couches, les panières, des cotons, du liniment et lutte désormais avec la petite armoire qui servira à ranger les affaires d’Indie.

On monte directement l’armoire dans notre chambre, qui sera d’ici quelques mois la chambre des deux enfants, et elle dénote un peu à côté de notre grand lit d’adultes. Aucune importance, je la regarde et la trouve super mignonne.


Toutes ces “petites” choses qui arrivent d’un seul coup et viennent combler l’espace qu’on avait prévu pour, j’ai l’impression qu’elles ont déjà toutes leur place.


Peut-être parce que j’ai cogité non stop toute ma grossesse et que ça a fait son cheminement, mais rien ne me semble bizarre, il me semble que tout a toujours été là. Je ne m’étonne pas au détour d’une pièce, je ne me surprends pas à dire “ah oui c’est vrai qu’on a mis ça là !”, tout est parfaitement naturel.


Ce sont les affaires de notre fille et de notre deuxième bébé, c’est comme si il avait finalement soudainement pris sa place dans ma tête, mon coeur et ma maison.


Il était temps vous me direz !








20 juin :



“Maman, on peut faire semblant que petit frère il est déjà là ?

Oui, si tu veux !

Ok alors on va lui montrer comment je m’habille toute seule et aussi je vais lui apprendre à se brosser les dents. Allez viens petit frère !

Allez c’est parti ! ”


Et ainsi de suite, jusqu’au grillage de l’école, on joue à quand petit frère sera là.


Je ne sais pas laquelle de nous deux cela projette le plus dans le futur proche, mais j’aime bien ce jeu moi.


Quand mes deux enfants seront là.




22 juin :


On a toujours pas de prénom. Enfin si. On en a deux. Mais on se décide pas donc on en a aucun. Non, on ne peut pas fusionner les deux ni en faire un prénom composé. Antho préfère l’un et moi je préfère l’autre.

Je crains qu’on ne fasse tous les deux mine de continuer de considérer le second prénom alors qu’on a déjà le coeur qui penche vraiment plus pour l’un des deux. Mais pas le même des deux.


Comment on fait dans ces cas là ? Plouf plouf, pile ou face, on attend de le voir à la naissance, on espère tomber miraculeusement d’accord ? On demande son avis à Indie ? Non certainement pas, je sais qu’il la travaille secrètement pour qu’elle se rallie à sa cause.

Je jouerai bien la carte du “je souffre pendant neuf mois + j’ai l’accouchement + le chantier du post-partum”, mais ce serait mesquin. Quoique. C’est aussi mesquin quand il dort paisiblement sur le ventre ou sur le dos pendant que je suffoque.


Hier soir, alors qu’il travaillait à Paris, Antho m’écrit pour me prévenir qu’il a eu un “signe de fou sur l’un des prénoms”. Sur celui qu’il prèfere, comme de par hasard. En vrai, je dois reconnaître que c’est assez improbable.

Il a reçu trois mails consécutifs avec, successivement, en objet de mail : “Une offre à saisir”, puis un second de la societé “Indie campers”, puis un dernier avec le fameux prénom qu’il prèfere.


Une offre à saisir + Indie + *prénom potentiel (très rare en plus) du bébé*


Est-ce vraiment un signe ? Parce que si oui, c’est un signe qui ne va pas vraiment dans mon sens et ça m’arrange pas en gros.


Cher univers, serait-il possible, stp, d’avoir un signe, un signe encore plus gros et indiscutable pour qu’on statue définitivement et que je gagn… Euh enfin qu’on tombe d’accord !? Stp ?


Merci bien.


Cordialement.


La maman d’Indie et du bébé à l’autre prénom.




23 juin :


C’est la kermesse de l’école d’Indie ! Grosse journée en prévision. En tant que membres de l’APE on doit tout organiser de A à Z avec 4 autres parents.


L’APE c’est l’association des parents d’élèves, et en gros la mission c’est d’organiser plusieurs évenements au cours de l’année pour créer du lien entre les familles et récolter de l’argent pour organiser la kermesse de fin d’année.


Avant d’être mère, je me disais toujours que je ne serai “pas ce genre de maman”, pas celle qui est impliquée dans la vie de l’école, qui se donne pour organiser des fêtes et tout ! Ma meilleure amie était membre quand sa fille était plus petite et je lui disais “Moi je pourrais paaaaaaeeeen !”

Et regardez moi courir partout aujourd’hui, enceinte de sept mois et demi pour acheter des saucisses et des pains à hot-dogs, installer des stands dans la cour de récré et préparer une tombola !


En matière de parentalité, tant qu’on n’est pas dedans soi-même, il n’y a qu’une seule règle : fermer sa grande bouche ! Pour toutes les choses qu’on croit dur comme fer ne pas être, toutes les choses qu’on jure qu’on ne fera jamais, tous les principes qu’on abandonnera en cours de route…et c’est très bien ainsi !


Il fait très très chaud et l’installation me semble longue et laborieuse dans la cour de l’école où le soleil tape de plein fouet.


À 18h30, tous les enfants arrivent avec leurs parents et c’est showtime !


C’est honnêtement l’anarchie, on a prévu un planning avec des parents qui tiennent les stands et des roulements toutes les trente minutes et on court après tout le monde désespérément, le tout sur six stands, plus la buvette bière / hot-dogs qui est prise d’assault, et le buffet gratuit qui est lui aussi envahi dès son ouverture.


On tient plus ou moins le cap jusqu’à 20h45, heure à laquelle on tire la tombola et après on passe au level supérieur de giga joyeux bordel !


À 21h, tout est en roue libre, les gosses surexcités jouent en autonomie sur tous les stands, le stand de “tatouage” est innondé et j’y vois des enfants tatoués de la tête aux pieds, (oui oui même sur le visage), il n’y a plus de petits cadeaux à gagner, le buffet est VIDE…

Je ne sais pas si c’est un succès ou un fiasco, mais tout le monde a l’air de s’amuser !


Moi je cours partout, j’ai extrêmement mal aux pieds et au dos, mais on doit rester jusqu’à la fin pour le rangement et le démontage.


À 22h30, j’attrape Indie et on part pendant que le reste de l’équipe finit le taff. J’ai poussé au max mais je n’ai rien mangé et je piètine avec mon gros ventre depuis le matin non stop, j’en peux plus !


Je la jette sous la douche, la couche, mange un reste de pizza froide et vais enfin me mettre à l’horizontale.


Je ne serai clairement pas membre de l’APE des écoles de mes enfants toute leur scolarité, parce que c’est beaucoup de temps et d’énergie, mais plus jamais j’irai à une kermesse en ignorant tout le taff qu’il y a derrière.


Promis, je filerai toujours un coup de main, j’amènerai des gateaux et des cakes et je tiendrai au moins un stand.


Je fais solennellement le serment de la bonne maman parent d’élève.


Promis, juré, craché !









24 juin :



Je vais mettre le reste de la semaine pour me remettre de cette kermesse. J’me fais violence pour aller au cours de poney d’Indie, qui passe son poney de bronze ce matin ! Ma grande fille !


Après manger, je fais un blackout d’une bonne heure sur le canap.


God bless la sieste !








28 juin :



C’est la fête du centre de loisirs d’Indie, mais cette fois ci, rien à organiser, on a qu’à se pointer et profiter !


Sur les dernières semaines de centre, ils ont écrit un film, passé un casting, créé des décors et des costumes, tourné et présenté leur film lors d’un petit concours. Les films en compétition ont été diffusé au cinéma de la ville et un jury a établi un classement !


Celui du centre de loisirs d’Indie a fini deuxième et a reçu le coup de coeur du jury. Avec Antho on crève d’envie de voir le film, comme d’habitude Indie ne nous a rien raconté et on est hyyyyper curieux de découvrir sa performance ! La projection du film est prévue à 17h45.


On s’installe sur les petits bancs et le film démarre.


Son qui laisse à désirer, montage approximatif, acteurs en herbe hyper mignons mais maladroits, scénario trop chouchou, l’ensemble est vraiment rigolo.


Mais le clou du film, c’est clairement Indie, qui campe le rôle d’une étoile de mer absolument inoubliable, nommée Marine. Son costume, réplique parfaite de Patrick dans Bob l’éponge, est magique ! Sa prestation s’ouvre sur un plan d’elle, allongée par terre, dans son imposant déguisement qui l’engonce, laissant apparaître sa bouille ronde. Je me marre tellement !


Ensuite, on la voit dans une succession de scène d’aventures dans lesquelles elle doit courir et grimper à droite à gauche. Elle galère à se déplacer avec son costume et je pars dans un fou rire lorsqu’on la voit essayer de sauter à pieds joints sur un accessoire avec une réception plus que douteuse. À en juger par le plan qui switch très brutalement, j’imagine qu’elle s’est cassé la figure la seconde d’après et que ça a été coupé au montage.


Je pleure de rire.


Ahlala, la vie de parents c’est pas de tout repos, c’est dur, c’est effrayant, c’est oppressant, c’est tout ce qu’on veut, mais putain qu’est ce que c’est drôle aussi !


Indie en Marine l’étoile de mère for ever !







29 juin :


Lorsque ma sage-femme m’avait demandé si je voulais faire les cours de prépa à l’accouchement, qui sont plus précisément nommés cours de préparation « à la naissance », je ne savais pas trop quoi en penser.


J’ai tellement lu et écrit autour de l’accouchement ces dernières années, que j’avais la sensation d’avoir déjà des tonnes d’info. Mais je me suis aussi dit que ce n’était pas pour autant que je savais tout, ni que j’avais nécessairement toutes les armes pour MON accouchement.


On a donc décidé de faire un cours de rappel général ainsi qu’un cours porté sur l’allaitement.


Le premier a lieu cet aprem, Antho est avec moi. 14h, on arrive au cabinet pour trouver porte close. J’imagine qu’elle est à la bourre, le running gag de mon suivi de grossesse.

Vingt minutes plus tard on est finalement installés tous les trois dans son cabinet et on commence à discuter.


Je trouve nos échanges intéressants. Il se trouve qu’elle a travaillé plus de quinze ans à la maternité où je vais accoucher, donc elle en connait très bien les protocoles, les habitudes, les moyens…

Elle me demande si j’ai des envies particulières, et si je ne me suis pas forcément encore VRAIMENT penchée sur la question, je sais ce que je veux dans les grandes lignes.


Ce que j’aimerais avant tout, c’est un accouchement avec une bonne communication et un bon contact entre les équipes et nous. Qu’on m’explique tout, qu’on m’écoute, qu’on demande mon consentement pour tout acte, que chacun se présente. La base finalement, il faudrait que tout cela soit systématique, mais je sais que ça ne l’est pas.


Elle m’explique comment est réparti le service, avec des salles de pré-travail individuelles qui ont leur douche à l’italienne et leur toilette. Je trouve ça super chouette, je ne m’attendais pas à ça.

Pour Indie, j’avais patienté 16h dans une salle sans aucun équipement ni confort avec 4 ou 5 autres patientes. Zéro intimité, pas moyen de se mettre dans sa bulle.


Je dis que j’aimerais bien ne pas passer tout mon temps sous monito, elle a l’air super étonnée. Pour mon premier accouchement, j’étais « bloquée » sous monito quasiment tout le temps. Elle m’explique que là, sauf souci particulier, on fait un monito à l’arrivée, puis un autre 6h plus tard. Entre temps, si je n’ai pas la péridurale, je suis libre d’aller et venir.


Elle me rééxplique l’importance de rester « mobilisée », les sages-femmes adorent ce mot, et me dit que plus je vais bouger, plus je vais faciliter le travail. On passe en revue plusieurs positions à adopter pour soulager les contractions, toutes impliquant de m’accrocher à Antho, de m’étirer ou d’utiliser le ballon.


On parle de la péridurale, un affreux souvenir pour nous. J’avais fait une chute de tension monstre, mon rythme cardiaque s’affolait, j’avais bien cru mourrir. Elle m’explique comment me positionner juste après la pose pour éviter que cela se reproduise. Je devrais surélever un peu mon bassin en me positionnant vers la gauche, et surtout éviter de m’allonger complétement.


Puis on passe à la partie « poussée », elle m’indique deux façons différentes de pousser et de respirer, l’une où l’on bloque la respiration pendant la poussée et l’autre où, au contraire, on souffle.


Le cours s’arrête là dessus, j’essaye d’imprimer tout ce qu’elle vient de me dire dans ma tête, surtout les différentes positions à adopter pour gérer la douleur.


Comparé à Indie, j’ai beaucoup moins peur d’accoucher. À vrai dire, je n’ai même pas peur du tout. Il y a des choses que je redoute, comme la césarienne ou l’épisio, mais globalement, j’ai l’impression de savoir ce qu’il faut.


J’espère que je n’aurai pas besoin d’être déclenchée, j’espère que la phase de travail, la plus longue et douloureuse, sera plus rapide que pour Indie, j’espère que la péridurale sera bien dosée, j’espère que je n’aurai pas besoin des spatules cette fois.


C’est fou l’accouchement, il y a tellement de variables possibles. Mais je sais et j’accepte qu’il y a beaucoup de choses qui ne dépendent pas de moi, je ne peux être aux commandes que dans une certaine mesure et j’accepte l’idée de ne pas tout contrôler.


J’aime bien dire qu’en matière d’accouchement, il faut être prête à ne jamais l’être complétement.


Résilience, prières païennes et advienne que pourra.







30 juin :


16h30, je récupère Indie à l’école avec un gros bandage de la main et du pouce. Elle m’observe, l’air mi inquiet, mi perplexe.


« Maman, c’est quoi sur ta main ?

Viens, je vais t’expliquer »


Retour en arrière.


Il y a quatre jours, Antho et moi allons compléter notre drive hebdomadaire de courses à Lidl. Passage obligé par les rayons éléctro ménager et bazar, Antho me montre un avion géant. Je râle, on en a déjà acheté un il y a peu, il l’a sorti une fois trente minutes et depuis il traîne dans la voiture. Je vois pas l’interêt d’en avoir un autre mais lui dis de le prendre si il veut.

Dans un bac juste en face, je vois une mandoline. Ça fait un moment que j’en veux une parce qu’on mange des tonnes de légumes et que j’ai l’impression qu’on passe des plombes tous les jours à les couper en tranches. En adultes responsables, on pose l’avion et on prend la mandoline.


Ce midi, J vient manger à la maison et je prépare le déjeuner. Je sors un concombre, la mandoline qu’on utilise en s’extasiant depuis quatre jours et commence à trancher.

À un moment, je sens que mon doigt « frotte », il touche la mandoline. Je lève la main, regarde mon doigt, regarde la mandoline sur lequel est resté un bout de chair et me dis : prépare toi, d’ici une demi seconde ça va faire très mal.


Perspicace la dame. Ça se met à pisser le sang. Je suis coupée à deux doigts différents. Je ne sais pas quoi faire ni dans quel ordre. J’ai besoin d’évaluer les dégâts d’abord. Je place une feuille de sopalin autour des doigts mutilés mais vois immédiatement l’inutilité de cette action. Je mets ma main au dessus de l’évier et rince doucement. Pas mieux. Ça pisse trop, j’en fous partout. Je n’ai pas particulièrement peur du sang, mais c’est impressionnant.


Je file dans la salle de bain, attrape une petite serviette sombre et enroule ma main dedans. Ça fait mal comme si des centaines de minuscules poignards me lacéraient les doigts. Je réfléchis. La pharmacie est fermée. Je suis seule, Antho bosse sur Paris, je ne peux pas conduire.

J’enlève la serviette une seconde pour voir si le saignement se calme, à peine le temps de regarder que ça coule partout. Je crois qu’il faut appeler le 15.


L’opératrice m’annonce qu’elle peut m’envoyer une ambulance dans une heure. Bon, d’ici là je me serai vidée de mon sang. Je le redis, le service public va MAL en France. Je raccroche et réfléchis. Je fais des notes vocales à J qui est en RDV et ne les a pas encore écoutées. Je passe rapidement en revue les potes que je pourrai appeler.

J’ai une copine qui habite à deux pas de chez moi et je sais qu’elle ne bosse pas aujourd’hui.


Trois minutes plus tard elle est en bas de chez moi, ma sauveuse.


Je débarque aux urgences avec mon gros ventre, ma main qui saigne et mes claquettes en plastoc turquoises. Je ne sais pas si c’est l’effet grossesse ou si je suis en danger de mort, mais une infirmière me prend immédiatement. Elle regarde rapidement ma main.

Je reste dans ce premier box quelques minutes. Dans le couloir, des ambulanciers sont avec une femme qui a l’air mal en point, elle tousse violemment et vomit ses tripes. Réflexe de survie égoïste, j’ai de la peine pour elle mais j’aimerais qu’on m’éloigne.


L’infirmière semble lire dans mes pensées et m’emmène dans une salle d’attente d’un autre service. Pas grand monde, une vieille dame sur un brancard, une autre dans un fauteuil et un monsieur qui erre dans le couloir.

J’attends une vingtaine de minutes, assez longtemps pour voir que vraiment, l’hôpital public va mal. Le monsieur veut un verre d’eau et s’agace qu’on ne lui en donne pas un, la dame sur le brancard semble souffrir de la jambe et souhaite un coussin pour la surélever.


Une infirmière du SMUR court partout avec une aide-soignante pour mener tout le travail à bien.


Je suis emmenée dans une salle de soin, deux médecins viennent regarder l’étendue des dégâts, pas de points à faire. Ils sont étrangers, on peine un peu à communiquer, mais on y arrive.

L’infirmière arrive, très sympa, plaisante avec moi malgré sa fatigue et la tension que je peux sentir derrière ses blagues.


Elle nettoie la plaie, ça piiiiiiique très fort, puis fait un gros pansement bien serré. Instantanément, le pansement se gorge de sang. Elle me laisse sans plus d’explications et je me dis que je ne peux pas repartir avec un pansement dans cet état.


L’un des médecins revient, regarde ma main, semble surpris que ça saigne encore, fait deux marques sur le bandage et me dit qu’il repasse me voir après. J’attends et commence à me sentir fatiguée.

Je réalise qu’il est 14 h et que je n’ai pas mangé depuis la veille au soir. J’ai fait une prise de sang à jeun ce matin aussi, ce qui ne doit pas arranger mon état. Le bébé est super agité, il bouge dans tous les sens. Lorsque le médecin revient, il me dit que ça saigne trop et qu’on va trouver une solution.


Entre temps, une maman d’élève qui bosse à l’hôpital vient me voir, elle m’emmène un verre d’eau et des petits biscuits. Ma deuxième sauveuse.


Je vois l’infirmière débarquer, elle me refait un pansement et m’applique un produit coagulant. Elle me demande si ça va, je réponds que je commence à me sentir un peu mal. L’aide-soignante part et revient avec une compote, un bout de pain et un yaourt.

Je suis à deux doigts de faire un malaise vagal dont je connais très bien les premières sensations.


Je m’empresse de tout engloutir. Au bout de dix minutes ça va mieux.


Le médecin me fait une ordonnance et je sors. J vient me récupérer et me ramène chez moi.



J’explique à Indie que je me suis fait mal en coupant un concombre, mais que ça n’est rien de grave !


Tu vois ma fille, parfois, il vaut mieux être un peu déraisonnable. Il vaut mieux acheter un avion géant qui ne servira pas, plutôt qu’une mandoline qui va te trancher les doigts.


Une belle leçon de vie, d’une mère à sa fille.








1er Juillet :


C’est mon aaaanniversaire, c’est pas celui de ta mèèèèèère ! Sauf si tu es Indie, là c’est effectivement l’anniversaire de ta mère. Bref.


Est ce que la nuit a été bien nulle, que j’ai mal aux doigts et que je suis frac ? Oui, mais ce n’est pas grave puisque c’est mon anniversaire !


Est-ce qu’il fait beau, chaud et sec depuis des semaines mais qu’aujourd’hui il pleut, y’a du vent et qu’on se pèle alors qu’on a prévu un barbecue ? Oui. Mais ce n’est pas grave puisque c’est mon anniversaire !


Est-ce que comme d’habitude je me suis compliqué la vie en voulant faire mon dessert d’anniversaire moi-même au lieu de l’acheter comme tout le monde, et que je dois m’y reprendre à cinq fois pour mettre ma pâte sucrée dans le putain de moule et que je n’ai finalement pas assez d’abricots pour recouvrir toute la surface ? Oui également. Mais ce n’est pas grave puisque c’est mon anniversaire !


Est-ce que maintenant c’est trop tard pour faire une sieste alors que j’en crève ? Ouiiii. Mais ce n’est pas grave puisque c’est mon anniversaire !


Un petit programme parfait en réalité. Réveil tranquille, restaurant le midi et barbecue entre copains le soir.


De beaux cadeaux, dont la plupart sont des trucs à manger. J’adore qu’on m’achète des bons trucs à manger, c’est un peu la preuve d’amour ultime pour moi lol !


À 23h30 on remballe tout et on va se coucher, mais y’en aura d’autres plus fous des anniversaires, c’est sûr.


Après tout, je n’ai que 26 ans. Chut.








2 juillet :



Tu ne sais pas vraiment ce qu’est la souffrance tant que tu ne t’es pas fait réveiller en pleine nuit par une soudaine et affreuse crampe du mollet.


Crois moi, tu ne sais pas.


TU. NE. SAIS. PAS.




4 juillet :



J’ai rendez-vous avec la sage-femme, j’ESPERE pour mon dernier rendez-vous de suivi ! Je ne vais pas mentir, même si mon terme est le 10 Août, comme beaucoup de femmes enceintes, j’aimerais bien accoucher plus tôt !

Pas beaucoup avant, mais dix ou quinze jours, ce serait royal. Ce qui, maintenant que j’y regarde de plus près, voudrait dire accoucher d’ici deux semaines et me semble terriblement bientôt.


Je ne sais plus si je trouve le temps long ou trop court. J’ai hâte et peur. Envie d’en finir avec la fabrication du bébé mais fébrile à l’idée d’en voir le résultat. Une belle confusion, le bouquet final de plusieurs mois d’une extraordinaire tempête émotionnelle.


Certains aspects de la grossesse sont maintenant très pénibles, l’essoufflement, la difficulté à dormir et à me bouger avec la taille de mon ventre, la fatigue, l’impression de devoir être assistée pour tout…

Mais dans le même temps, si le bébé devait arriver demain, je ne serai peut-être pas tout à fait, complétement, vraiment prête !


Peut-être a t-on besoin d’aller au bout de ce que l’on peut, au bout du bout des neuf mois, au bout d’un travail conjoint du corps et de la tête, pour pouvoir nous dire : ok, maintenant c’est bon, c’est le moment.


La sage-femme me demande si je prends toujours mon fer, je mens en disant que oui alors que je n’en ai pas pris depuis environ quinze jours, elle prend ma tension, effectue le prélèvement pour le streptocoque B puis vérifie mon col. Un peu mou mais toujours bien long. Mon corps se prépare doucement.


À 10h je suis déjà épuisée. Je me suis réveillée à 5h du mat et le bébé est dans un de ces jours où il bouge beaucoup et fort. J’ai mal à l’intérieur du corps, tous mes organes prennent des coups jusqu’à ce que j’en aie la nausée.


À 14h15, je me dis que je vais aller m’allonger pour une petite sieste quand je me souviens que j’ai rendez-vous pour une petite pédicure. Il pleut et je vais devoir y aller à pieds, affrontant le dénivelé bien abrupte et ses redoutables marches de pierre qui mènent de chez nous jusqu’au centre ville.

Je peine, mais vraiment fort. Je suffoque, je sens mon coeur qui essaye de pomper au mieux mais j’ai le sang à la tête, j’ai chaud, mes jambes sont coupées.


Arrivée en haut, je suis vraiment essouflée, trop essouflée. Je mets tout le temps de la pédicure pour respirer à peu près normalement, je me demande même un instant si il ne faudrait pas que j’aille faire vérifier mon taux d’oxygène aux urgences.


Je me dis surtout que j’ai bien déconné en arrêtant de prendre mon fer, que je dois avoir une anémie géante au vu de mon état, que je vais recommencer à le prendre dès ce soir et ce très sérieusement jusqu’à mon accouchement.


Le bébé continue de labourer mes organes, j’ai la sensation de ne plus en pouvoir, j’ai juste envie de pleurer, de dormir, de me sentir bien.


Au moins, j’ai une jolie pédicure.








5 juillet :



Il y a deux ou trois jours de cela, Antho m’a demandé si il y avait des désagréments que j’avais eu pour ma première grossesse que je n’avais pas eu pour celle-ci. Je m’étais rapidement fait un listing mental pour faire la comparaison.


Pour Indie j’ai la sensation d’avoir eu plus de petits symptômes étranges ou un peu chiants, mais j’étais globalement plus en forme. Je n’ai pas le souvenir d’être super fatiguée comme je le suis là, de ne pas pouvoir rester debout longtemps, de me limiter dans mes trajets ou mes activités.

Par contre là je suis moins stressée et j’ai moins de douleurs à la symphyse pubienne.


Aussi, truc super étrange que j’avais eu pour Indie, j’avais parfois des troubles de la vision. Tout à coup, j’étais comme éblouie par un flash, comme si j’étais sous un vieux néon crépitant mais très puissant. Ça arrivait comme ça, sans prévenir, sur les deux yeux mais sur l’un plus que l’autre, puis ça se décalait petit à petit vers les coins externes de l’œil jusqu’à disparaître, me laissant perplexe avec un bon mal de tête.


« Je suis bien contente de ne pas avoir eu ça, c’était vraiment relou hahahaha ! »


Carrefour, aux alentours de midi, alors qu’on fait quelques courses : BIM. Il est là, de retour pour son grand comeback, toujours aussi éblouissant qu’il y a cinq ans, j’ai nommé le trouble de la vision inexplicable.


Ça me prend d’un coup et il est vraiment fort, je vois pas grand chose et les lumières du magasin sont compliquées à supporter. Je n’ai pas de lunettes de soleil sur moi, le truc que j’avais trouvé pour me soulager un peu, alors on se bouge de finir nos emplettes et de déguerpir.


Ce genre de synchronicité m’étonnera toujours ! Comme quand tu parles de quelqu’un que t’as pas vu depuis cinq ans et que tu le croises le lendemain à Carrefour. Ça n’a aucun sens, comment est-ce possible ?

Ça me rappelle la fois où, quelques mois après la naissance d’Indie j’avais dit à ma mère : « C’est fou, j’ai pas vomi depuis environ vingt ans, j’ai jamais la gastro non plus ! » et que deux trois jours plus tard, je passais la nuit tête dans la cuvette.


C’est comme si quelqu’un là haut était préposé à ça, qu’il nous écoutait raconter avec trop de confiance ou d’orgueil qu’il ne nous arrivait jamais ci ou ça et nous punissait sévèrement pour l’avoir dit tout haut en manifestement précisément la chose en question.


Note à moi-même : la prochaine fois ferme ta grande bouche.


Ou alors, si on part du principe que l’univers a l’esprit de contradiction, mise sur du : enceinte d’Indie, je n’avais pas gagné à l’euro million, alors ça ne risque pas d’arriver !




7 juillet :


Deuxième cours de préparation à la naissance, on fait un cours sur l’allaitement.


J’ai déjà lu pas mal de trucs sur le sujet, mais franchement, j’ai l’impression que c’est hyper technique, que c’est dur, que c’est douloureux, que beaucoup de femmes essayent puis abandonnent, que ça va me « bloquer », que je vais devoir passer les premières semaines de vies jour et nuit avec un bébé au sein…


Je ne sais pas si c’est moi, mais l’allaitement, je trouve que ça ne fait pas très envie au premier abord.


Les livres que je lis s’étendent des pages et des pages durant sur les bonnes positions à adopter, sur tous les potentiels problèmes qu’on peut rencontrer, et y’en a plein, expliquent à quel point il faut mettre bébé le plus possible au sein au début et tout un tas de choses à faire et de choses à ne pas faire. Ça a l’air hyper pointu et j’ai l’impression qu’il faut bac +5 pour devenir une mère allaitante compétente.


Je crois comprendre que tout se joue les premiers jours pour que l’allaitement se mette bien en place et qu’il faut pas se louper, sinon c’est trop dur à récupérer.


Je trouve qu’on est pas bien informée ni accompagnée pour l’allaitement en France. Quand je vois la tonne d’infos dont on a besoin pour être bien préparée, je doute vraiment qu’on puisse allaiter juste comme ça à l’instinct, parce que c’est naturel. Si c’est si « naturel », pourquoi a t-on besoin de tant de ressources, de tant de potassage en amont ? Pourquoi existe t-il tant de pages instagram dédiées au sujet, pourquoi y a t-il un tel business autour du sujet ?


Parce que c’est peut être naturel, mais visiblement pas si simple.


Bien évidemment, certaines femmes y arrivent très bien, mais dans la majorité des cas, si tu ne te renseignes pas à fond, que t’as pas les moyens de t’acheter des livres ou de t’offrir une consultation avec une spécialiste, t’as moins de chance d’y arriver. Ça ne me semble pas très juste et ça contraste avec les discours très pro-allaitement qui t’expliquent que c’est gratuit.

Ça ne me semble pas gratuit, ni financièrement, ni dans l’énergie nécessaire à son bon déroulé.


Pour Indie, je n’avais pas vraiment consideré l’allaitement, je n’en avais pas envie.

Là, je suis super curieuse d’essayer. Parce que je n’aurai certainement pas d’autre enfant, et aussi parce que depuis cinq ans, avec toutes mes réflexions sur la maternité, il me semble que c’est une expérience que j’ai envie de vivre. J’y vois aussi un côté pratique.


J’y vais sans pression, en sachant pertinemment que je ne serai pas le genre de femme à m’acharner bien longtemps ni à me culpabiliser si ça ne marche pas. Je ne ferai pas d’allaitement long pour sûr, mais dans l’idéal, dans ce que j’imagine, j’aimerais pouvoir allaiter jusqu’au début de la diversification, vers 4 mois. Puis ensuite passer sur un allaitement mixte, en alternant avec des biberons pour l’entrée à la crèche.

Je ne sais d’ailleurs vraiment pas si l’allaitement va me « plaire », je ne suis pas persuadée d’être à l’aise avec tant de proximité physique, de la même façon que je ne le suis pas pendant la grossesse.


Finalement, l’allaitement est un gros point d’interrogation, une inconnue de plus, mais j’ai quand même hâte d’essayer.


Le rendez-vous avec la sage-femme est chouette, elle expose le sujet de façon calme, posée, en m’expliquant deux trois trucs qui selon elle permettront le bon démarrage de l’allaitement selon elle. On aborde pas particulièrement les soucis que je pourrais rencontrer, elle me dit plusieurs fois qu’il n’y a « pas de raisons ».


On repart encore un peu plus curieux de voir ce que ça va donner.


Lundi prochain, j’ai un RDV en visio avec une conseillère en lactation et j’aurai alors mis toutes les chances de mon côté pour que ça marche.



16h30, on récupère Indie, les grandes vacances commencent !


C’est officiellement parti pour un été très spécial.











10 juillet :


La consultation avec la conseillère en lactation était cool ! On a abordé pas mal de points que j’avais déjà lus dans mes bouquins ou entendus avec la sage-femme, mais je suis rassurée de voir que certains points semblent êtres unanimes au milieu d’un océan d’informations qui se contredisent.


L’heure et demie est principalement consacrée à la mise en place de l’allaitement. Pareil que chez la sage-femme, on ne parle pas des potentiels soucis, mais plutôt de ce qu’il faut faire pour les éviter.


Pendant la consultation, je réalise que ce que j’ai pu lire dans les livres c’était trop d’informations. Trop d’un coup, pour couvrir tous les cas de figure, mais trop quoi.

Je comprends que pour le moment, je dois prendre cet allaitement step by step pour qu’il se déroule bien.


Je décide de me concentrer sur les premiers jours, qui sont cruciaux, sur les premières tétées, sur le bon positionnement du bébé, sur la montée de lait, puis ensuite on verra.


Mes boobs, mon bébé, des soutifs d’allaitement et une petite cuillère, c’est tout ce qu’il me faut pour commencer selon la spécialiste.


Sans pression on a dit.








Bientôt, le dernier mois de grossesse !

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