Maude Harcheb
LE MOIS 7
13 mai :
J’ai une particularité assez immonde quand je suis enceinte : je fais des rots affreux en mangeant. Hors grossesse, bien que je ne sois pas une princesse qui fait caca des paillettes, je ne rote pas tant, même très peu.
Mais là, ce qui sort de mon corps me fait parfois peur à moi-même. Ça fait vibrer toute ma cage thoracique et ça monte au moins à 50 decibels, mais le plus drôle finalement, c’est la tête d’Antho qui essaye de ne pas paraître totalement choqué ni écœuré.
Il fait presque mine de rien, ne relève pas et continue de manger, impassible. En vrai, je le soupçonne de retenir des hauts le coeur et de vouloir se barrer en courant. Mais on est mariés, on a un enfant et trois quart, ce serait malvenu pour si peu.
Ah la grossesse, quelle parenthèse enchantée, délicate et romantique !
Vivement l’accouchement pour le caca de poussée et les hémorroïdes.

15 mai :
Fin de journée hier, j’ai reçu la réponse de la seconde maison d’édition pour mon projet de livre graphique sur l’accouchement : c’est non.
Non.
Ce tout petit mot qui claque très fort, ces trois petites lettres qui n’étaient pas envisageables, parce que ça devait être mon tour, mon moment de soulagement, la concrétisation de tout le temps que j’y ai consacré…
Je suis au delà de déçue, je suis sonnée, ébranlée, personnellement touchée parce que c’est mon projet, mais pas que.
Les justifications sont les suivantes : l’accouchement n’est pas un sujet qui fait vendre, ou alors seulement sous la forme de “méthodes”.
Méthodes ? Exactement l’inverse de ce que je “vends” avec mon livre, exactement ce que je dénonce, exactement ce que je souhaite équilibrer ! Ces justifications me foutent en rogne parce qu’elles ressemblent à une claque géante au visage de toutes les femmes !
Un an et demi que j’écoute, recueille et écris des récits d’accouchements, que j’en tire des leçons et des enseignements incroyables, que je suis persuadée que les femmes ont besoin d’être mieux informées à ce sujet, mieux préparées, pour pouvoir faire des choix éclairés, pour être prêtes au maximum !
NON, ce n’est pas parce que tu vas lire une méthode qui t’assure que ton corps est magique et qu’il saura accoucher seul, ou comme ci ou comme ça que ce sera le cas ! C’est du mensonge, c’est vendre du rêve, c’est profiter de l’amour et des espoirs d’une mère, c’est mal !
Ces méthodes, discours et mouvances sont des puits sans fond de culpabilité pour celles dont l’accouchement ne se déroule “pas bien”, ou pas comme on leur avait vendu ! Elles ont l’impression d’avoir échoué, de ne pas avoir été assez fortes, assez performantes, pas à la hauteur. Quelle horreur de rencontrer son bébé dans de telles dispositions psychologiques.
Beaucoup de gens n’imaginent pas à quel point un accouchement mal vécu est source de souffrance pour les femmes. “Ton bébé va bien, tu vas bien, c’est le principal !”
NON ! C’est mal, c’est tordu, c’est nier encore une fois ce que les femmes vivent et ressentent, piétiner leurs sentiments sans ménagement.
Mon livre hurle que l’on n’a pas à réussir son accouchement. Il dit : “regardez, c’est ainsi que l’on accouche, ce sont nos vérités, toutes différentes.” On accouche toujours comme on peut, pas souvent comme on l’avait imaginé. J’aimerais tant que les femmes sachent ça.
C’est pour ça que j’ai conçu ce livre et je suis en colère qu’on me dise que ce n’est pas ce que les femmes veulent lire, qu’elles veulent des histoires jolies et édulcorées d’accouchements parfaits.
C’est faux. Les femmes ne sont pas de petites choses effrayées par la vérité, elles mettent au monde les enfants de l’humanité dans les larmes, la peur, la joie, la douleur le sang et l’amour depuis des centaines de milliers d’années.
Il serait peut-être temps d’arrêter de nous prendre pour des connes nan ?
Je me sens épuisée de porter ce projet toute seule, je ne sais pas quoi faire de ce refus. Comme les deux précédents, il arrive alors que j’étais déjà pleine d’espoir, qu’on discutait contrats etc…Abandonner n’est pas une option, mais continuer me semble trop dur aussi.
Je crois que je vais laisser tout ça reposer, puis je retournerai finir ce combat.
Vous me dites non, mais je vous dis NON encore plus fort.
16 mai :
Petit bilan des opérations avant d’attaquer le dernier trimestre de grossesse demain.
J’ai un masque de grossesse immense qui semble s’étendre de plus en plus chaque jour qui passe, malgré mon utilisation intensive de crème solaire indice 50+ tous les jours, ça me fout le moral à Z.
La peau c’est tellement important pour moi, et depuis quatre ans, j’ai des taches qui ne partent pas. Je les ai chopées l’été qui a suivi la naissance d’Indie, alors qu’on était en vacances dans le sud.
Un soir, elles s’étaient installées sous mes yeux, formant un arc de cercle de chaque côté, donnant une impression de creux que je déteste. C’est comme avoir un contouring indélébile super mal placé, qui te donne l’air fatigué et vieux en permanence.
J’ai essayé plusieurs crèmes chères qui n’ont jamais marché, et j’ai même vu un médecin esthétique qui m’a dit que ça ne servait à rien de les enlever car elles reviendraient.
Effectivement, ces taches s’estompent tous les hivers pour mieux réapparaître chaque été, c’est une sorte de RDV incontournable : “qu’est ce que tu fais pour les vacaaaaaaces, mois je n’ai pas changé d’adreeeeesseeeeeuh !”
Sauf que là, le bordel est en train de s’étendre et de descendre sur mes joues et je crains que ça ne reparte pas, que ce soit désormais l’étendue définitive de mes tâches, encore pire qu’avant. Je les déteste vraiment.
Je vais laisser passer la grossesse puis les mois qui suivront, et je prendrai RDV avec un spécialiste pour voir si il n’y a vraiment rien à faire à ce sujet.
Mes ongles sont mous, mes cheveux sont ternes.
Mon ventre semble pousser uniquement vers l’avant, en pointe. Il est désormais très tendu et parsemé de longs poils noirs, poils qui camouflent à peine les zébrures violettes de ma peau qui pète.
J’avais déjà eu quelques vergetures, localisées autour du nombril, en toute fin de grossesse pour Indie, mais là, elles sont de nouveau étirées et très larges. Je crois que c’est en train de péter encore plus, par dessus ce qui avait déjà craqué.
La peau qui avait craqué avait fini par se recroqueviller après l’accouchement, laissant comme une petite excroissance toute plissée de peau morte au dessus de mon nombril, désormais tout fripé. Depuis, je n’ai plus jamais reporté de taille basse ni de maillot deux pièces qui laissent entrevoir les dégâts, ni de haut court.
De nouvelles semblent également se former sur le bas du ventre, je ne peux pas bien les voir, puisque c’est une zone désormais camouflée, mais ça m’inquiète.
Je sais, pas très body positif tout ça, peut-être même un peu superficiel mais c’est ce que je ressens et c’est tout. Je ne vais pas prétendre être au dessus de tout ça ni considérer ces marques comme un fier témoin de ma maternité.
J’ai grandi dans des studios de danse, face à d’immenses miroirs, mon corps, ses contours, ses formes, ses textures ont toujours été au coeur de ma vie, que ce soit pour le côté performance ou purement esthétique.
Je n’ai pas envie qu’il change de cette façon.
C’est mon corps, c’est ma peau, les dégâts me semblent irréversibles, ça me complexe et je me demande à quoi je vais ressembler après cette deuxième grossesse.
À un truc fripé entre le pruneau et la datte. Et je n’aime ni l’un ni l’autre.

20 mai :
Bonne nouvelle : on a décidé de louer un box de stockage à dix minutes de chez nous. Bon, j’aurais préferé avoir les thunes pour déménager dans une demeure aux multiples chambres et espaces de rangement, truffé de dressings, avec un grenier aménagé, une cave, un garage et trois dépendances, mais non.
Ce petit box bien pratique va nous permettre de vraiment vider l’appart de tout ce dont on a pas besoin au quotidien, et l’angoissée de l’accumulation que je suis se sent revivre. Non j’exagère même pas, vider mes placards, ranger dans des boites étiquetées et avoir plein d’espace de rangements disponibles me fait vibrer.
Est-ce l’expression un peu pathétique d’une angoisse existentielle et d’une tentative vaine de contrôle de ma vie ? Probablement. Mais je n’en ai strictement rien à foutre, la Marie Kondo en moi jubile.
Vous voulez toucher la corde sensible chez moi, me prendre par les sentiments ? Offrez-moi des solutions de rangements !
Sérieusement, on a passé la journée à transporter des trucs et on est rincés mais c’était quoiqu’il en soit nécéssaire. On a désormais de la place pour ranger les affaires de notre fils sans engager une partie de Tetris ingagnable.

21 mai :
Le petit gars est déchainé. Il a tambouriné à l’intérieur de mon corps toute la journée et j’ai l’impression d’être la grande perdante d’un combat de MMA dans lequel je ne peux même pas me défendre.
J’ai comme des courbatures de l’intérieur du corps, mes organes sont sensibles et endoloris à force d’avoir pris des coups de latte.
Attention, je vais balancer un truc qui ne se dit pas du tout quand on est enceinte : perso, les “petits coups de bébé” je ne trouve pas ça mignon du tout. Ça me rassure de le sentir, ça me signifie qu’il va bien, c’est le seul “bénéfice” que j’y trouve.
Sinon, je trouve ça trop bizarre et désagréable. Bim pied dans une côte, paf coup de boule dans la vessie, pan roulade arrière sur ma veine cave ! Nan nan, pas mon kiff.
Je ne fais défitivement pas partie de ces femmes qui s’extasient en voyant leur ventre se déformer, je trouve même ça flippant. Ça fait très Alien franchement, ne mentons pas, on a parfois l’impression d’avoir un petit extraterrestre armé d’un râteau qui nous laboure le bide.
En tous cas, comparé à Indie, ce petit alien là bouge vraiment beaucoup. Elle était plutôt calme, la nuit je ne la sentais pas, je dormais bien, elle était super discrète.
Son frère, c’est pas la même. J’ai l’impression qu’il ne tolère aucune position. Il bouge / se débat quand je suis allongée, quand je suis du côté gauche ou du côté droit, beaucoup quand je suis assise…autant dire qu’il est calme quasiment seulement quand je suis debout et en action !
En vrai, on ne sait pas vraiment comment interpréter leurs mouvements. Est-ce que quand ils bougent dans tous les sens c’est parce notre position est inconfortable pour eux ? Qu’ils ont donc besoin de se déplacer pour être mieux ? Ou au contraire est-ce que ça veut dire qu’ils sont contents et l’expriment en clapotant ?
Je me demande aussi si ça veut dire qu’il sera super speed une fois parmi nous, j’ai un peu peur lol. Je repense à ce qu’on entend souvent : “chaque enfant est différent” ou alors “c’est un petit mec, ils sont plus turbulents”.
Moi, j’ai pas envie de le définir alors qu’il n’est même pas encore là ce petit bout, et surtout pas en fonction de son genre, mais si c’était vrai ?
Est-ce que l’enfant plonge déjà d’un coté à l’autre de mon utérus, prétendant attraper un ballon imaginaire, puis fait ensuite un tour de célébration ? Peu probable, mais ça expliquerait l’agitation là dedans.
Blague à part, plus j’observe mon corps, plus je le trouve étrange. Il est tout cabossé, tout disproportionné, avec ses bosses et ses creux. J’ai beau regarder, je ne trouve pas ça “beau” un corps de femme enceinte. Juste bizarre, fascinant au mieux.
Définitivement, la grossesse est un cadeau mal emballé à mes yeux. Heureusement qu’il y a la plus chouette des surprises à l’intérieur.
Le pire ? Mon nombril qui est complétement sorti de son emplacement initial pour pointer à l’extérieur. Le truc semble vouloir dire coucou au monde entier comme si c’était son heure de gloire.
J’ai toujours détesté toucher mon nombril ! Le nettoyer sous la douche me met super mal à l’aise, je ne supporte pas la sensation. Alors là, maintenant qu’il frotte non stop sur tout ce que je porte, je grince des dents la moitié du temps. Eurk !
Sinon, peut-être que c’est moi qui suis juste complétement siffonée.

22 mai :
Indie se réveille de super bonne humeur, très câline, très blagueuse. Au saut du lit elle s’assoit sur moi alors que je suis assise en tailleur par terre, mais la taille de mon ventre ne lui laisse plus beaucoup de place.
“J’ai mes deux bébés avec moi, je lui dis.
Deux bébés ?
Oui, mon très grand bébé et mon tout petit.
Petit frère ?
Oui !
Petit frère il est moyen mignon et moi très mignone.
Non, vous serez mignons tous les deux pareil. Tu sais quand les mamans et les papas ont de nouveaux enfants, ils les aiment autant que les autres. Pareil ! On vous aimera vraiment pareil.
Très fort comme ça ? - elle écarte ses bras pour me montrer -
Oui, plus que TOUT !
Ah. T’aimes bien le prénom Jayden ?
Oui c’est joli, mais peut-être pas pour petit frère !
Hey maman, petit frère quand il va naître il sera tout nu ?
Ouiiii ! - on glousse toutes les deux -
Et est-ce que tu auras un autre bébé après ?
Non, je crois pas que j’aurais un autre bébé !
Parce que ce sera trop difficile ?
Oui, moi je trouve que c’est trop difficile de fabriquer un bébé, mais il y a des femmes qui adorent ça, qui trouvent ça génial, qui aiment avoir le gros ventre et tout !
Parce qu’elles aiment ressembler à un clown ?! - elle glousse de nouveau -
À un clown ? Comment ça ?
Bah c’est un ventre de clown ça ! Les clowns ils ont des gros ventres !”
Bordel, que je l’aime cette petite personne. Je suis sa plus grande fan.
Et visiblement, je suis un clown.
24 mai :
Je vais passer la matinée à mon espace de coworking pour avancer un peu sur deux ou trois trucs. Je n’y suis pas venue depuis un petit moment alors tout le monde vient papoter avec moi, prendre de mes nouvelles, partager des souvenirs de grossesse.
À un moment, une dame que je ne connais pas bien viens prendre un truc dans son casier et lance un : “Oh mais il y a un petit ventre tout rond par ici ! ” en m’apercevant.
Je la vois amorcer une descente vers la chaise sur laquelle je suis assise, son corps se penche vers moi, peut-être pour avoir une vue plus précise et zoomée de mon ventre, faites que ce soit ça et juste ça, c’est déjà assez bizarre, oh non attendez, que vois-je, un bras qui se souléve de son corps avec en son bout une main qui semble se diriger tout droit vers mon ventre, non non ça ne peut pas être vrai, elle ne va pas me frotter le ventre comme si j’étais la putain de lampe d’Aladin, non il est encore temps d’arrêter sa course folle avant que l’irréparable se produise, aaaah la collision parait imminente et inévitable et BIM. Sa main est sur mon ventre.
Je réprime un fort désir de lui assener une petite tape de réprobation. Je me fige et la regarde probablement de travers.
Quand est-ce que les gens vont se rendre compte que c’est affreusement bizarre de venir toucher le corps de quelqu’un, même enceinte ?
Est-ce que je vous touche la panse moi ?
GGGGGGRRRRRRR.
26 mai :
On fait un truc que j’ai toujours refusé de faire pour ma première grossesse : un shooting photo.
D’ordinaire, je ne suis pas trop fan du concept, ça va avec la façon dont j’envisage cette période et l’évolution de mon corps. Je ne trouve pas ça beau ni émouvant, donc je n’ai pas spécialement envie que ce soit “capturé”.
D’autant que sur les photos de grossesse, y’a toujours ce truc très poétique, avec une future maman en communion avec son corps, mains posées tendrement sur le ventre, regard attendri…
Je trouve ça un peu cliché, et surtout un cliché loin de moi. Donc pour la grossesse d’Indie, je n’ai que des photos de vie.
Mais là, je me dis que ce sera ma dernière grossesse et que ça ne coute rien d’en faire quelques unes. Littéralement rien vu que j’ai le meilleur photographe à la maison. Ce serait quand même dommage de ne pas en profiter.
Alors il y a quelques jours on s’est fait un moodboard, j’ai commandé des fringues et c’est parti.
On fait ça simplement, je me coiffe et me maquille seule, je veux que le résultat soit naturel et je n’ai pas envie d’y passer la journée !
On shoot.
Antho me montre quelques photos sur le boîtier et je bloque.
Je me regarde, comme je ne me vois finalement jamais, d’un oeil éxtérieur, le sien qui plus est. Je trouve la fille que je vois super jolie, mais c’est comme si ce n’était pas moi. J’ai vraiment l’impression de voir quelqu’un d’autre, ça me frappe. Je suis émue mais je ne sais pas pourquoi.
Peut-être suis-je un peu triste de ne pas réussir à voir la beauté dans ce corps là au quotidien ? D’être si dure avec lui, si jugeante, d’être trop absorbée par tous les maux de grossesse pour lui témoigner l’affection et la reconnaissance qu’il mérite pour ce qu’il est en train de faire ?
Ce corps là, auquel je ne m’identifie pas, dont je suis déconnectée, fort, en transition, c’est pourtant bien le mien.
Alors voilà, c’est fait, j’ai des photos de grossesse. Peut-être qu’un jour je les regarderai en me disant : “C’est moi enceinte. Moi.”

30 mai :
Rien n’est prêt pour l’arrivée de notre fils. Rien n’est en place, rien n’est préparé, on a pas de vêtements pour les premières semaines, pas de turbulette, pas de biberons, je me suis toujours pas renseignée sur l’allaitement, j’ai pas programmé les cours de préparation à l’accouchement, je ne suis pas inscrite à la mater, il n’a pas de prénom…
Je dis cela comme si c’était urgent, mais est-ce que ça l’est ? Nous on ne le ressent pas comme ça, mais potentiellement, d’ici deux mois, ou peut-être un peu avant, il pourrait arriver.
J’ai l’impression que dans les autres familles tout est toujours prêt bien en amont, les meubles sont montés, en place, plein de petits vêtements lavés, repassés et pliés, les produits d’hygiène déjà disposés avec les couches sous la table à langer - putain on a toujours pas acheté la table à langer - les berceaux attendent leurs futurs petits visiteurs, déjà habités de quelques doudous choisis avec amour, bref, les foyers sont déjà remplis des bébés à venir.
Chez nous, rien ne laisse supposer qu’un bébé pointera le bout de son nez d’ici peu. Tout est comme d’habitude, hormis la place que l’on a faite pour mieux pouvoir la remplir le moment venu. Pourtant, on voit bien le calendrier défiler à toute allure ces dernières semaines, tout s’est enchainé à un rythme effréné et, si je fais le calcul, les semaines restantes passeront tout aussi vite. Ne serait-ce pas maintenant le “moment venu” ?
Antho m’a dit hier soir : “ C’est fou, c’est n’importe quoi, c’est demain en fait qu’il arrive, c’est presque comme si il était déjà là ! ”
Et il a complétement raison. Je le sais, il le sait. mais on ne se presse pas.
Pourquoi ? Est-ce qu’on traine au maximum dans cette vie à trois ? Est-ce qu’on est juste lents ? Est-ce qu’on procrastine trop ? Je n’en ai fichtrement aucune idée.
Je vais préparer une to do list pour me rassurer, puis faire comme si elle n’existait pas. La base.
31 mai :
C’est l’anniversaire d’Antho ! Le dernier à trois. En ce moment j’ai l’impression qu’on fait plein de “dernières” avant d’entamer un tout nouveau cycle de “premières”.
On clôture notre vie à trois, et même si on le sait, qu’on en profite à fond, je crois qu’on ne réalise pas du tout. Nos vies vont être chamboulées.
J’essaye de capturer chaque petit instant où tout me semble encore facile, évident, où tout est “routinier”, confortable, où nous avons nos repères tous les trois.
Je profite des soirées calmes, du temps et de l’espace que j’ai pour moi, des nuits tranquilles, des matins où l’on prend le temps, de la vie sans les contraintes d’horaires qu’imposera un bébé. Je profite surtout d’être pour l’instant la maman d’Indie et d’Indie seulement. Je la câline, la bisouille, la serre fort, lui dis que je l’aime en boucle, me nourris de ces moments au maximum, comme pour remplir des réserves pour le futur.
Pour les fois où je n’aurais plus autant de temps, parce que je serai la maman de deux enfants.
Je réveille Indie tôt, puis on prépare une table de petit déjeuner d’anniversaire, toutes les deux, une “surprise pour papa”, comme elle voulait. Ja la laisse tout installer à son goût, elle s’applique bien.
Je lui dis : “ Tu te rends compte, l’année prochaine petit frère sera là avec nous, il va crapahuter partout, s’accrocher à la table, tout attraper !? ” Elle rigole et ses petits yeux brillent.
On finit de tout installer et on va chercher les cadeaux. Pour la dernière fois que toutes les deux.

1er Juin :
Y’a des journées avec et celles où tout est compliqué, tout est contrariant, rien de grave mais rien de fluide !
En vrac aujourd’hui :
-RDV chez la sage-femme, mais j’ai pas fait mes analyses de sang.
-Je décide donc de partir plus tôt et de passer au labo sur le chemin pour les faire.
-Y’a la queue jusqu’à dehors, j’aurais pas le temps. Merde, tant pis.
-Je vais pour partir au RDV mais réalise que j’ai oublié mon dossier de suivi qu’elle remplit tous les mois. J’me dis qu’arriver au RDV sans analyses ni dossier c’est un peu gros. Autant y aller sans le bébé tant que j’y suis.
-Je repasse vite fait à la maison prendre le dit dossier, enfin Antho me le dépose en bas de l’immeuble. C’est pas le bon. Il remonte. Il redescend le bon. Je file.
-Sage-femme en retard, comme d’hab, je m’offusque même plus.
Elle m’annonce que le bébé est toujours en siège et on anticipe sur ce qu’on pourrait faire si c’est toujours le cas d’ici quelques semaines.
-Après le RDV je repasse au labo faire les foutues analyses. Je dois pisser dans le petit pot mais un gars squatte les chiottes depuis cinq minutes. Quand je rentre enfin, l’odeur à l’intérieur est ignoble, j’ai la nausée. Je pisse un peu dans le pot et beaucoup sur ma main. Y’a plus de savon pour se laver les mains.
-J’ai cours de Pilates à 15h15 mais je me sens épuisée. Ma prof / pote m’appelle, elle a du retard sur sa journée, on laisse tomber.
-Je fais une sieste. Je me réveille, me prépare pour la sortie d’école et vois que mon masque de grossesse est plus foncé que jamais. Ça me terrifie, mon visage est ruiné.
-On récupère Indie, elle a mal au ventre. On monte en ville pour voir la braderie des commerçants qui a lieu les trois prochains jours, mais il fait une chaleur infecte. Je suffoque, on se traine, on décide de rentrer direct.
-Antho part voir Harry Styles au stade de France, je fais manger Indie et la couche, pressée de me poser tranquille. Elle chante / hurle dans sa chambre et m’appelle 10 fois, visiblement pas très fatiguée.
Je me cale devant un film que je regarderai sûrement en plusieurs fois parce que je suis trop fatiguée.
Je mange un gros Magnum aux amandes, je l’ai BIEN MÉRITÉ !
Demain est un autre jour.
4 juin :
De retour à la maison avec Indie après un petit périple parisien au festival We Love Green, une idée contrariante tourne dans ma tête en boucle.
Le bébé bouge beaucoup, et à priori c’est signe de vitalité donc rassurant. Mais voilà, parfois ces mouvements me semblent assez étranges. Hier soir ça m’a fait un peu flipper.
Les coups étaient très brusques, rapides et paraissaient incontrôlés, secouant mon propre corps assez fort. Depuis, je me demande.
Est-ce qu’un fœtus peut convulser ?
J’attends d’être posée tranquillement, Indie au repos dans sa chambre, pour faire ce qu’on ne devrait jamais faire mais que l’on fait toujours : chercher sur Google.
Ma première recherche me mène sur un forum où des mères échangent entre elles à ce sujet, j’ai cliqué sans regarder le nom du forum et déroule les réponses. Très vite, je réalise que je suis sur une page dédiée à des parents qui ont connu le drame du deuil périnatal.
Ces mamans, ce sont des mamanges. Elles parlent de leurs enfants qui ne sont plus parmi nous, cherchant toujours des réponses à l’inacceptable.
Je suis partagée entre une peine et une peur immense. Avaient-elles senti leurs bébés convulser in utero ? Est-ce qu’il se passe la même chose pour le mien ? Est-ce qu’il est en danger ? Est-ce qu’il a un souci de santé ?
J’enchaîne frénétiquement les recherches, allant de site en site regarder la signification de certains termes évoqués sur le forum des mamanges.
Évidemment, on ne trouve jamais de diagnostic et d’explications à quoi que ce soit de ce style, internet n’est pas un cabinet médical, c’est juste un puit infini d’angoisses qui s’empilent les unes sur les autres.
Souvent quand on exprime une crainte concernant la santé de nos bébés in utero, on nous répond : “mais non, ne t’inquiète pas, c’est rien, c’est normal”, ou “mais non, ne pense pas à ça, y’a pas de raisons que ça se passe mal !”
Ouais, sauf que personne ne peut nous garantir qu’on s’inquiète pour rien. Parce que les statistiques, ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des gens, des vies.
Y’a “pas de raisons” que ça se passe mal, mais pour ceux pour qui le bonheur d’une grossesse ou d’une naissance tourne au drame, y’avait t-il des raisons ? Qui peut nous assurer avec certitude que le malheur frappe toujours les autres mais pas nous ? Qui peut se payer le luxe, je dirais même l’arrogance, d’une telle tranquilité d’esprit ? PERSONNE.
En tant que mère, en tant que parents, rien au monde n’est plus effrayant que l’idée de perdre nos enfants. C’est inhumain. Inhumain pour sûr, mais malheureusement pas contre nature.
Un dernier site explique qu’il n’est pas anormal de sentir des sortes de spasmes, étant donné que les fœtus ne maîtrisent pas vraiment leurs mouvements.
Je décide de rester là dessus, en me disant que la T3 qui est planifiée dans 4 jours ne pourra pas tomber mieux. En attendant, je vais faire bien attention aux petits mouvements de notre fils.
Ça va quand même être long. Très long.
6 juin :
Petit flip ce soir. J’ai mal au ventre ! Je suis restée pas mal debout aujourd’hui, dont 2h d’affilée à piétiner après l’école pour vendre des tickets de tombola pour la kermesse.
J’ai un combo de sensations désagréables qui me fait un peu flipper : une douleur fixe et aiguë en bas à droite du ventre, des douleurs qui vont et viennent dans tout le ventre, une forte sensation de pesanteur, comme si mon ventre était très lourd, très bas et touchait mes cuisses et des contractions qui s’enchaînent.
Je ne m’écoute pas, on rentre à la maison vers 18h15, Antho range le bazar de la journée et je donne sa douche à Indie et prépare son diner. Je m’installe à table avec elle, toujours aussi inconfortable, j’ai l’impression qu’à tout moment un truc va sortir soudainement de mon vagin tellement ca “pousse” en bas.
Antho décide de rempoter une plante maintenant, il a toujours le chic pour faire des trucs improbables à des moments improbables. Il me demande de tenir la plante droite le temps qu’il verse le terreau, je suis à moitié pliée et j’ai mal.
Je m’agace et réalise que je “force” à finir tant bien que mal cette journée au lieu d’aller me poser comme mon corps me le demande.
Je m’échoue dans le canapé, peine à trouver une position où je n’ai mal nulle part et attend de voir si les contractions se calment.
Finalement, après trente minutes, les contractions s’arrêtent.
La sensation de pesanteur dans le bas ventre est par contre toujours hyper présente, je me demande si le bébé s’est retourné. Verdict dans deux jours !
7 juin :
Cette nuit, encore, des rêves abracadabrantesques, mi-flippants mi-comiques, mimolette.
J’ai accouché, n’ai encore aucune idée d’où est mon bébé. Je le cherche partout et le retrouve, horrifiée, dans une boite dans le frigo.
Paniquée, je crie, hurle, demande qui a fait ça, clame qu’on ne peut pas mettre un bébé au frigo, qu’ils ont besoin de chaleur, que ça peut les tuer. Je l’observe pour voir si il est vivant ou si j’arrive trop tard.
Je le déshabille, me déshabille et le met aussitôt contre ma peau pour le réchauffer, sous une couverture. Il est vivant et va bien. Il veut téter.
Toujours dans l’absence totale de logique des rêves, le bébé est alors devenu un chaton et a de petits crocs. Je me dis que ça va faire mal, je serre les dents.
Mon réveil sonne. Sauvée par le gong.
Note à moi-même : prendre rendez-vous chez le psy ?!

8 juin :
Mon fils,
Avec ton papa on a vu ta petite bouille à la dernière échographie ce matin. Tu ressembles à ta grande soeur, tu t’es retourné et tu vas bien.
Mais tu sais, ici ça ne va pas si bien, le monde est littéralement à feu et à sang.
C’est pas un secret, moi je n’aime pas trop ça partager mon corps avec toi, je trouve qu’on est un peu à l’étroit, je me languis de ne plus avoir mal partout et de me sentir mieux, mais au moins pour l’instant tu es à l’abri, je te protège et je te donne tout ce dont tu as besoin. Prends tout ce qu’il te faut.
J’ai le coeur lourd parce que je sais que quand tu seras parmi nous, je ne pourrai pas te protèger de tout ce qui ne tourne pas rond ici. Personne ne le pourra. Et dire que ça ne tourne pas rond est un doux euphémisme.
Je ferai de mon mieux, c’est une promesse que je n’ai même pas besoin de te faire, mais il y’a tant de choses qui nous échappent. Même quand on est grands comme papa et maman, surtout quand on est grands.
En ce moment, je crois qu’on est beaucoup de grands à se sentir un peu accablés. On a peur. Une peur vicieuse et tenace, qui s’accroche fort à nos tripes. La peur de parents dont l’instinct est en alerte constante parce que le danger est partout.
Tu vois mon fils, quand on vous met au monde, on s’imagine beaucoup de choses, on vous souhaite des tas de bonheurs, plein de petits et quelques immenses, on fait notre maximum pour que vous grandissiez dans les meilleures conditions, on voudrait tout vous offrir et tout vous épargner à la fois.
On voudrait que jamais vos larmes ne coulent, que vous n’ayez jamais mal, que jamais la main de quiconque vous blesse, que vous ne soyez jamais persécuté ni en danger à l’école, que vous ne risquiez rien quand vous jouez tranquillement au bord du lac.
Parce que vous les enfants, vous êtes des trésors.
Je ne vais pas te mentir, je n’ai aucune idée de comment on fait tout ça. Puis apparemment personne ne sait, ou alors ceux qui savent et qui peuvent s’en moquent. C’est insupportable.
Alors c’est vrai, la plupart des jours ça va, on avance, on fait des projets pour le futur, on a “espoir”.
L’espoir, comment t’expliquer, c’est un peu le carburant de l’humanité. C’est ce qui nous tient debout, ce qui met des jolies pensées dans nos têtes, ce qui donne du sens à nos existences, ce qui nous projette dans une réalité alternative, une différente, meilleure.
Une réalité où tout irait bien, où je pourrai détourner les yeux de ta soeur et toi quelques secondes sans avoir peur du pire.
C’est pas vraiment ma faute tout ça, mais là, aujourd’hui, je suis vraiment désolée que le monde dans lequel tu arrives ressemble à ça.
Demain, promis, j’essaierai de retrouver l’espoir.
Pour ta soeur et pour toi mon fils.

9 juin :
Bouuuuuh la nuit a été bien inconfortable, dans la continuité de la journée d’hier !
J’ai l’impression que mon corps fait n’importe quoi depuis deux jours. Déjà, j’ai une éruption de boutons rouges partout sur le ventre. Ce n’est QUE sur le ventre, ça ne gratte pas particulièrement, mais ça ne semble pas s’estomper non plus. J’me dis que c’est sûrement la chaleur et le frottement des vêtements sur ma pauvre peau déjà maltraitée, étirée, craquelée…
Puis hier, la gynéco m’a littéralement broyé le bide pour l’écho ! Elle cherchait à voir le visage du bébé qui n’était pas coopératif, ce qui a donné lieu à des manœuvres périlleuses et manipulations de mes organes entre sa sonde et sa main libre. J’ai eu super mal, et ce mal a duré tout le reste de la journée.
Puis, mon dos, ayayayaya mon dos. J’ai super mal au dos, je ne sais plus comment me foutre, toutes les positions sont inconfortables, ça tire, ça bloque, ça craque… J’ai l’impression d’avoir passé la nuit sur des talons de 15 à me déhancher en boîte de nuit comme si j’étais invertébrée.
Lol, mes seules prouesses nocturnes en ce moment sont celles qui consistent à me tourner d’un coté à l’autre sans gémir de douleur. À chaque fois, je me demande si mon ventre va suivre le mouvement ou bien rester de l’autre côté, indépendamment du reste de mon corps !
Là c’est particulièrement compliqué, j’ai vraiment l’impression que tout va se péter, se fissurer, lâcher…pourtant je n’ai pas pris tant de poids que ça, environ 9 kilos. Je peine à changer de positions, à me lever, à mettre mes chaussures, à rester debout longtemps, à rester assise longtemps, bref je peine à TOUT.
Je suis pile à deux mois de mon terme et je ne vois vraiment pas comment je vais tenir comme ça encore tout ce temps, je me sens tellement diminuée ! DEUX MOIS ?! Qui plus est, la chaleur a fait son apparition soudaine il y a quelques jours, ne facilitant ni mes déplacements ni mes nuits.
Alors que je m’apitoyais légèrement sur mon sort en fin de journée, j’ai réalisé que j’avais quand même mal à la tête depuis un moment. Dans ces cas là, je vais toujours faire vérifier ma tension à la pharmacie. Si elle est trop haute, ca pourrait-être signe de pré-éclampsie, une urgence à prendre très au sérieux quand on est en cloque !
J’ai donc filé à la pharmacie, tension basse, 9,6. Bon, j’ai souvent mal à la tête quand elle est basse, faut que je me repose un peu plus. J’avais déjà fait la sieste ein, mais pauvre petit corps fragile n’était pas assez reposé.
Au moment d’aller me coucher, je me sentais vraiment vraiment suuuuper fatiguée. Puis j’avais chaud à la tête. Mais un tout petit peu froid au corps. Bizarre. Check de ma température : 38,5.
L’angoissée que je suis fais les comptes : éruption cutanée + mal aux reins + mal de tête + tension basse + fièvre ! Bon, bah peut-être que j’ai un truc grave, une infection chelou ou autre. Peut-être qu’il faudrait que j’appelle la mater pour voir. Sauf que le numéro de la mater quand tu check sur google c’est un numéro de portable qui ne répond jamais. L’hôpital public va mal je vous le dis. De toutes façons j’étais juste trop épuisée pour aller aux urgences.
J’ai avalé un Doliprane, me suis endormie, me suis réveillée trois fois trempée dans la nuit, la fièvre a du faire des hauts et des bas.
Et là voilà, je me réveille. Je suis poisseuse, je pue, j’ai encore un peu mal au crâne, le dos ça a l’air un chouïa mieux.
Allez, encore deux mois.
(Photo de mon ventre poilu et boutonneux, tout nombril dehors)

11 juin :
Journée d’action spéciale bébé.
1- on rédige une liste de ce qu’il nous faut
2- on surfe sur l’onglet shopping de google
3- on finit sur IKEA
4- je télécharge une app de “décoration intérieure”
On passe une belle commande meubles et accessoires en tous genre, arrrrrggffff ça devient tellement concret, c’est super excitant.
Avec ma super application, je fais une simulation de ce que sera la future chambre d’Indie et du bébé. Ça aide vraiment à se projeter, je ne reconnais pas du tout la pièce actuelle, comme si ça allait être un tout nouvel espace qu’on allait “débloquer” comme dans un jeu vidéo !
Hop level supérieur : parents de deux !
En ce moment, je pense constamment à ce que sera la vie à quatre, je crois que psychiquement, mon être essaye à fond de réaliser ce qui va arriver. Pas sûre que ce soit très concluant, j’ai vraiment du mal à faire la projection, mais je sens qu’un vrai processus, qu’un vrai travail mental se joue. J’avance.
On a toujours tendance à penser que la grossesse est dans le corps. Le suivi de grossesse est tellement axé sur les examens “physiques”, on nous mesure, on nous observe, on nous pèse, on nous prélève, qu’on en oublierait presque qu’elle a une toute autre dimension.
Les femmes qui font l’expérience du déni de grossesse en sont une “bonne” illustration : le corps fait discrétement son travail, il crée un bébé. Par contre, le volet psychique lui ne s’active pas et c’est comme si il n’y avait pas de grossesse !
Seulement quand le corps ET l’esprit travaillent ensemble, la grossesse est complète.
Ce que l’on ressent, les phases par lesquelles on passe, les peurs, les joies, les doutes, l’excitation, les traumas qui reviennent etc…tout fait partie du processus, même si on ne le comprend pas tout de suite ou qu’il est compliqué pour certaines. C’est important de les vivre et de les accepter sans culpabiliser, c’est même sain je crois ? Je trouve ça vraiment fascinant.
Et là, d’acheter toutes ces choses, de les imaginer dans la maison et de les placer sur un plan virtuel 3D, ça me fait un truc. Ça fait partie de mon processus à moi, j’ai besoin de voir, et je sais que je ne réaliserai pleinement ce qui va nous arriver seulement quand j’aurai fait connaissance avec mon fils.
Il reste 4 semaines d’école, avec des échéances quasi tous les week-ends, puis ensuite il restera seulement 4 semaines avant mon terme.

Dans 15 jours : le mois 8 !