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  • Photo du rédacteurMaude Harcheb

LE MOIS 6

14 avril :


Depuis quinze jours, je note tout ce que je mange. Ça fait partie des choses que je mets en place pour essayer de me reconnecter un peu à mon corps et à mon appétit, de conscientiser ce que je mets dans mon estomac.

Je note tout clairement et je souligne ce que j’ai mangé “en plus” sans avoir faim, par pulsion.


Relire le lendemain ce que j’ai mangé la veille, m’aide, sans que je puisse vraiment expliquer pourquoi. Parce que je sais très bien quand je mange trop, je le sais déjà sur l’instant T, mais de le revoir à froid, écrit, est plus concret, me “parle” plus.


Je sens que je commence tranquillement à me calmer, que la frénésie est sur le déclin, que j’ai atteint le sommet de la montagne et que je commence à redescendre petit à petit.

Ce n’est pas encore idéal, je lutte toujours contre d’irrépressibles envies de manger ce qui me passe sous la main en grandes quantités, mais je suis rassurée, ça va passer.





15-16 avril :



Ce week-end j’étais en spectacle avec mon école de musique. Cela fait un an et demi que j’apprends la guitare et là on se produisait deux soirs dans une petite salle du coin.


Ce spectacle me rongeait un peu la tête depuis plusieurs mois, parce que mon professeur m’avait donné pour objectif de jouer et chanter en même temps, le tout sur la légère et facile à chanter ritournelle de Sia “Chandelier”. LOL.

Un très grand défi qui m’a demandé beaucoup de travail et que j’ai cru, presque jusqu’au bout, ne pas pouvoir relever.


Mon ventre est désormais bien rebondi, alors ma guitare a une drôle d’inclinaison, elle est très haute, ce qui donne presque un aspect comique à ma posture !

Chanter enceinte est relativement difficile, étant donné que je manque beaucoup de souffle, que tous mes organes sont déplacés, que mes sensations physiques sont chamboulées. Puis ça me fait pas mal contracter, surtout quand j’entonne le refrain “IIIIIIIIIIIIII wanna SWIIIIIIINNNG” !


On a répété toute la journée du samedi + enchainé deux spectacles de 2h30 et je suis absolument rincée. Évidemment, Indie a fait de la fièvre et a vomi plusieurs fois, ce qui m’a empêchée d’être à fond dans le truc, mais hey, je le sais maintenant, les enfants chopent toujours un truc au moment où ça t’arrange le moins, c’est presqu’une règle !


Aujourd’hui est une date anniversaire un peu spéciale. On est le 16 avril, et il y a pile dix ans, mon premier single venait se hisser au sommet des charts français. Mon premier single était numéro 1 et ma vie sur le point de changer. C’était fou.

Les gens me demandent souvent si je fais toujours de la musique ou pourquoi je n’en fais plus. La vérité est que c’est très compliqué de répondre à cette question et qu’elle me fait chier.


Je fais toujours de la musique et ferai toujours de la musique. Je suis contente de ne pas avoir un égo qui m’empêche de continuer à apprendre de nouvelles choses et de jouer devant 300 personnes quand j’ai un jour joué devant 50000.

Pour certains, c’est “dommage” ou c’est “un échec”, mais ils ne connaissent pas mon histoire, mon parcours, mes motivations ni ce qui m’anime. J’ai claqué la porte du monde de la musique il y a plusieurs années et je sais parfaitement pourquoi.


J’aime profondément chanter, écrire, composer et ce sera toujours le cas, quelle que soit la taille de l’audience devant moi. La musique est un biais d’expression et de communication, c’est un canal. C’est beau et précieux, ça va au delà et en deçà de la “réussite”.

Je serai toujours fidèle à ma passion, je considère qu’elle fait partie intégrante de mon identité.



Alors quand j’étais sur scène cet aprem, tellement d’images me sont venues en tête, tellement de souvenirs des dix dernières années, tellement d’émotions.


Compte tenu de mon niveau encore approximatif de guitare et de la difficulté de la chanson, je ne suis peut-être pas sur la plus grosse prestation de ma vie, mais elle avait beaucoup de sens, je suis fière de moi.


Joyeux musicanniversaire à moi.







18-24 avril :


On rentre de six jours de vacances à Malte. Nos dernières “vraies” vacances à trois, dont j’ai profité intensément. Ça m’a fait tellement de bien au coeur, à la tête.


Ces quelques jours sont un patchwork de paysages sublimes, chauds, de ciel bleu, de voix aux accents méditerrannéens que je connais si bien, d’aventures, de découvertes, de bonnes tables, de nombreux escaliers qui m’ont donné de belles contractions (Malte a beaucoup de dénivelés) de rires…


Et surtout tellement, tellement d’amour.


À chaque fois qu’on se retrouve tous les trois à voyager, on réalise à quel point on aime passer du temps ensemble, à quel point on fonctionne bien. On est heureux. “Heureux” est un mot simple, mais puissant et inaccessible à la fois. On est heureux et c’est un sentiment à ne jamais ô grand jamais prendre à la légère.


Indie est toujours absolument adorable en vacances, c’est dans ces moments là que je me conforte dans l’idée que le plus important pour nos petites personnes est de passer du temps avec nous. Du temps de “qualité” comme disent les coachs instagram en parentalité, que l’on se consacre mutuellement et exclusivement.

Du temps que l’on ne compte pas, que l’on offre, que l’on reçoit, dont on profite comme si le temps lui-même n’existait plus. Je crois que ça s’appelle vivre dans le moment, c’est vachement sympa quand on y arrive.


Je ne sais pas combien de fois pendant ce voyage j’ai oublié le temps pour simplement regarder ma fille. La regarder vraiment, la voir. La serrer contre moi, la chatouiller, lui faire des tonnes de compliments et encore plus de bisous. Beaucoup.

Je veux que les instants comme ceux là, dont elle ne se souviendra plus, soient des petites graines d’amour que l’on plante au plus profond de son être. Un jour elles pousseront et feront des jolies fleurs, même dans les instants les plus sombres.


Moi je n’oublierai jamais la vie à trois, la vie avec mes deux amours, la vie avec toi ma fille.








25 Avril :


Le retour de vacances est un peuuuuu brutal !


Antho part directement pour trois jours de tournage à l’étranger et notre jolie bulle d’amour et d’insouciance est percée sans plus de ménagement ! Bon, je le savais, mais ça fait toujours un truc de changer brutalement de mood !


Indie est encore en vacances pour presqu’une semaine et elle a une idée assez précise de ce qu’elle souhaite faire : aller à la piscine, aller à la médiathèque, manger un “borger” (burger) et des quenelles, aller au parc…


Aussi, faut que je fasse ma prise de sang, aaaaarfffrfghhghghg, NON !







28 Avril :


On dépose Indie chez mes parents pour le weekend. On se fait deux jours avec Antho pour notre anniversaire de rencontre + anniversaire de mariage qui tombe la semaine prochaine !


On fête nos 8 ans ensemble. Le dire et l’écrire me semble irréel. HUIIIIIIIT ANS ?

Principalement parce que ça passe beaucoup trop vite, mais surtout parce que ça commence à faire une sacré tranche et que j’ai l’impression que c’était hier. C’est bon signe je crois !?


Sur la route pour notre destination, je balance sur mon insta les premières photos de moi enceinte. L’annonce haha. Je suis à 5 mois et demi de grossesse et à ce stade, continuer de cacher que je suis enceinte commence à être compliqué.

La question du partage de la vie ultra privée sur les réseaux est toujours sensible et compliquée. Pour moi en tous cas. Quand et comment le faire ? Et pourquoi ? Est-ce que c’est obligé ? Est-ce qu’on le fait pour avoir de l’attention ou des avantages ?


J’essaye généralement d’expliquer les choses ainsi : je finis par partager ce qu’il m’est impossible de cacher sans avoir l’impression de mener une double vie. L’écart entre ma vie publique et ma vie privée est certes conséquent, mais ne doit pas devenir un jeu de rôle qui nécessiterait que je me scinde en deux personnes complétement distinctes, pas trop fan de la dissonance cognitive.


Je ne peux par exemple pas cacher que je suis mère ou que je vais le devenir d’ici peu. Parce que là, ce serait comme mener une double vie, et alors autant ne pas être sur les réseaux du tout !Certaines personnes sur les réseaux exposent beaucoup leurs enfants, d’autres les cachent complétement.

Je ne me permettrai pas de porter un jugement, chacun fait comme il le souhaite, mais à mon sens les enfants ne sont pas en capacité de comprendre et mesurer la portée d’une forte exposition, sans même parler du fait qu’internet regorge de pédocriminels qui récupèrent des photos d’enfants à tout va.


La loi n’encadre pas ce sujet précis, donc chacun est à ce jour libre de faire comme bon lui semble.

Chez nous le juste équilibre consiste à ne pas surexposer notre fille ni à la cacher, mais c’est complétement subjectif.


Exposer une grossesse et / ou un enfant peut être très lucratif. Je ne peux pas le nier même si ce ne sera jamais mon souhait ni mon mode de vie.


Lors de ma première grossesse, beaucoup de choses nous avaient été offertes : une belle chaise évolutive, deux poussettes, des accessoires de portage, un beau transat…on avait d’ailleurs fini par refuser de recevoir plein de choses.

J’ai également longuement collaboré avec la merveilleuse marque de couches Joone et nous n’avons jamais payé une seule couche, ni les produits de soin de style liniment, eau micellaire etc. Quand on est parents, on sait l’économie que cela représente !


À l’époque j’avais un contrôle fiscal qui durait depuis plusieurs mois suite à une énorme boulette de mon comptable, et recevoir tant de beaux cadeaux était une chance que l’on mesurait pleinement.


Mais à un certain point, ça devient la foire d’empoigne à celui qui pourra t’envoyer un colis en espérant que tu en parles et promeuves ainsi son produit, on recevait même des choses spontanément via des agences de com qui avaient chopé notre adresse je ne sais où sans nous en informer. Des “colis forcés” genre, lol !


Alors évidemment je n’avais pas révelé ma grossesse pour ça, on était même surpris qu’on nous propose tant de choses, mais je comprends comment on peut facilement tomber dans l’influence et ses dérives.

Encore aujourd’hui, quand je reçois des produits gratuits ou que nous sommes invités dans des endroits sympa, je me dis toujours qu’on est super privilégiés, vraiment.



Cette fois c’est très différent, déjà parce que l’influence n’est plus ce qu’elle était y’a cinq ans, que les gens commencent à savoir faire la différence entre des partages sincères et éclairés (qu’ils soient sponso ou pas), que la loi encadre enfin ce type de contenu et que les agences et les marques n’envoient pas des cadeaux à tout va à n’importe qui. Et c’est très bien.


Puis aussi et surtout, depuis cinq ans j’écris sur la grossesse, j’ai publié un livre à ce sujet, j’anime un podcast, je crée du contenu… Je me sens complétement différente, légitime et “crédible” à en parler. Bim le syndrôme de l’imposteur.

Alors là, ce qui m’excite dans le fait de “révéler” ma grossesse, c’est d’en parler sans tabou aux gens qui me suivent. De partager ce journal, de livrer un peu mon quotidien, d’échanger autour de plein de sujets connexes.


Le post qui révèle ma grossesse est en ligne. Ça me fait super bizarre. Ce n’est plus notre petit secret bien gardé.


La nouvelle de la venue de ce petit bébé est lancée, là dans le vaste univers.








29 avril :


On n’a pas prévu de programme particulier avec Antho, on profite, on chill.


Le midi on s’arrête déjeuner dans un super petit restaurant et, au fil de la discussion, on aborde le sujet de “pourquoi Anthony ne dit pas quand il est contrarié ?”, sujet qui m’avait hautement contrarié MOI il y a quelques semaines !


On discute calmement, il exprime - avec des pincettes parce qu’on va pas le refaire - que je ne suis pas très patiente sur certains aspects du quotidien et que ce n’est pas toujours agréable.

Je lui demande pourquoi il ne dit pas simplement les choses quand je l’agace ou que quelque chose le contrarie, il m’explique dans les grandes lignes que c’est ainsi qu’il fonctionne et qu’il n’a pas l’impression de prendre sur lui, simplement de l’avoir bien accepté et intégré à notre fonctionnement.


“T’es comme ça, ça ne me dérange pas.” Pourtant, dans ses mots, je sens que ce trait de mon caractère l’oblige à s’adapter, à anticiper, peut-être même à craindre certaines de mes réactions. J’ai l’impression qu’on est sur une frontière un peu floue entre sa prévenance / gentillesse naturelle et quelque chose qui n’est pas super sain et sur lequel on devrait vraiment travailler.

Jamais, je ne voudrais que quiconque ait à “subir” mon comportement, encore moins lui. Je veux qu’il se sente avec moi comme je me sens avec lui, libre de tout dire, tout exprimer, parce qu’on est la “safe place” ultime l’un de l’autre.


Je ne sais pas si je suis très convaincue par cet échange sur l’instant T, mais je sais aussi que même si les discussions n’aboutissent pas toujours sur l’instant, elles sèment des petites graines.


Puis c’est compliqué de se reprocher des choses devant un si bon repas, ça gâcherait le goût.


On mange notre fondant au chocolat à la guimauve en poussant des grognements de satisfaction papillaires.







2 mai :



RDV sage-femme ce matin. Prévu à 9h30, elle me prend à 10h, j’ai encore poireauté trente minutes…Je crois qu’il faut que je me fasse une raison, elle ne sera jamais à l’heure de toute la grossesse ! Peut-être devrais-je arriver systématiquement 20 ou 30 minutes en retard, comme ça je n’attendrai pas au moins.


La consultation se déroule comme d’habitude : débrief, pesée, prise de tension et écoute du coeur. Tout va bien.


On regarde mes analyses, je suis anémiée, je vais devoir prendre du fer. Ça explique la méga fatigue des derniers jours et l’essoufflement démesuré qui accompagne chacune de mes sorties. Je suis même essouflée au repos desfois, quand je suis assise à rien faire. Tragique !

Dans mon souvenir, la supplémentation en fer, c’est justement l’en-fer. Constipation, mal au bide, caca noir… J’avais d’ailleurs arrêté le traitement rapidement, préférant rester anémiée que de subir les effets secondaire de ces gélules de malheur.


Mais c’est très fatiguant et la sage-femme m’explique qu’il faut veiller à ce que les réserves en fer ne fondent pas trop, parce qu’elles sont longues à reconstituer et peuvent compliquer le post-partum. Difficile d’attaquer la vie avec un nouveau né si on est absolument défoncée de fatigue, effectivement.

Elle me conseille d’intégrer le fer progressivement, d’abord un comprimé tous les trois jours, puis tous les deux jours et, si je le supporte bien, tous les jours idéalement. Qu’il en soit ainsi, je vais essayer !


Si je dois valoriser le suivi de grossesse par les sages-femmes, je dirais que c’est quand même super chouette d’être à 6 mois de grossesse et de n’avoir eu aucun toucher vaginal. C’est vraiment très appréciable de ne pas avoir à se déshabiller, de mettre les pieds dans les étriers et de subir de geste invasif.


Pendant ma première grossesse c’était systématique, de même que dans mon suivi gynécologique hors grossesse d’ailleurs. La plupart des gynécologues le font comme si c’était indispensable à un bon suivi, pourtant, ce n’est pas le cas.

Si une grossesse se déroule bien, il n’y a aucune raison d’aller en expédition à l’intérieur de nos cavités intimes tous les mois pour aller voir je ne sais quoi. À croire qu’ils trouvent de l’or là dedans desfois !


En post-partum, beaucoup de femmes n’en peuvent plus qu’on les touche. On nous palpe tous les mois + les touchers vaginaux systématiques selon certains practiciens + on partage notre corps avec un bébé + on accouche ( et pendant l’accouchement y’en a de la fouille vaginale ein) + on nous examine régulièrement encore en suites de couches…


Ça fait beaucoup pour un seul corps, non ? On peut vraiment se sentir dépossédée, balottée, infantilisée. Notre corps est à disposition, comme si il n’y avait plus de femme derrière, mais seulement un ventre et un vagin accessibles en continu.

Non, merde ! Une femme devrait toujours pouvoir donner son consentement, être considérée, écoutée et respectée.


Mais même quand on le sait, il est super difficile de dire non à un examen, il y a une sorte de hiérarchie qui va de soi lorsqu’on rentre dans un cabinet médical : le soignant dit, on fait.

Chaque jour me prouve qu’il y a encore beaucoup de travail, de réflexion et de combats à mener avec mes sœurs.


Alors, je suis bien contente d’avoir cette jauge encore dans le vert.


Ma sage-femme est une irrattrapable retardataire, mais elle ne fait pas d’examens inutiles, et ça c’est cool.


PS : ma glycémie est niquel, pas de test du diabète gestationnel, hihihi !


4 mai :


C’est notre anniversaire de mariage ! Trois ans !


Malheureusement, je me réveille avec une mauvaise nouvelle. L’une des deux maisons d’édition avec qui j’avais discuté au sujet de mon livre m’annonce qu’elle ne signera pas le projet.

Grosse déception qui me place un peu au pied du mur : il faut absolument que ça marche avec l’autre.


Je me traine hors du lit, contrariée, triste, je me sens épuisée et de mauvaise humeur. Je passe en mode auto-pilotage pour préparer Indie pour l’école.

Antho me propose d’aller à la salle de sport avec lui, j’ai plutôt envie de me terrer au fond de mon lit et de broyer du noir, mais je me fais violence. Si je reste là toute seule, ça sera pire, je vais broyer du noir et mes pensées vont tourner en boucle.


Écouteurs sur les oreilles, je marche sur mon tapis le plus vite possible pendant 45mn, transpirant toute ma colère.

Ça me fait vraiment du bien à la tête, mais physiquement, je suis rincée, je me sens ridiculement fatiguée.


Antho veut qu’on aille déjeuner dehors pour notre anniversaire, mais je ne crois pas pouvoir marcher jusqu’au centre ville, alors on se pose à la crêperie juste à côté de chez nous.

Je m’excuse un peu de ne pas être en forme et de ne pas avoir trop le coeur à la fête je lui dis qu’on en aura de meilleurs.


On discute de notre liste de prénoms pour le bébé, on en retire quelques uns et on essaye de se projeter avec les restants. Je n’ai pas de gros coups de coeur, il n’y a pas d’évidence, de prénom qui tombe sous le sens qui nous fasse dire : “C’est lui ! C’est ça !”

Ça m’ennuierait de finir par choisir un prénom de manière un peu raisonnable, d’opter pour le mieux, sans qu’il y ai une vrai excitation. J’espère qu’on aura une révélation prochainement, on se dit qu’on se laisse jusqu’à mon anniversaire, le 1er juillet, pour clôturer notre liste.


Quel casse-tête le choix du prénom, c’est vraiment compliqué argggff ! Au pire, on attendra qu’il soit assez grand pour choisir son prénom lui-même. En attendant, on l’affublera de surnoms mignons et ridicules, comme tous les parents.


On rentre et je repose mon petit corps fatigué. Askip, demain est un autre jour.







6 - 8 mai :



Week-end à rallonge, le mois de Mai nous donne vraiment de mauvaises habitudes, je pars avec J et A en Normandie. On se fait deux jours ensemble, que toutes les trois, ça n’est pas arrivé depuis six ans et je me réjouis depuis qu’on a programmé cette escapade.


On a loué un Airbnb sympa et on a honnêtement pas prévu grand chose. On est deux en cloque sur trois, alors on compte sur le beau temps pour bercer quelques conversations entre filles à l’extérieur, faire quelques balades, un resto ou deux, mais rien de foufinou.


Toutes les trois on se connait depuis 25 ans, c’est dingue. Évidemment, on a chacune nos vies et elles sont très différentes, c’est pas toujours facile de trouver du temps et des opportunités pour trainer ensemble, mais on réussit quand même depuis toutes ces années à être là les unes pour les autres. Toujours.


Alors non, on ne fonctionne plus vraiment à trois comme quand on était plus jeunes, parce qu’entre temps il y a eu les maris, les enfants, les boulots prenants, les expériences de chacune, les épreuves… Depuis une dizaine d’année, on se retrouve plutôt dans des contextes familiaux, chez l’une ou chez l’autre, mais très très rarement toutes les trois seules.

Ça n’a jamais été un souci.


Mais je crois que là, ce week-end il vient me rappeler fort que tout change, que les amitiés, aussi belles soient-elles, elles n’évoluent pas forcément comme on l’aurait imaginé, parce que la vie…

Une amitié, c’est une longue histoire d’amour, et comme toute relation, elle a ses hauts et ses bas, elle s’entretient, elle prend des chemins de traverse, elle a besoin de beaucoup de communication et de réciprocité.

Une amitié, même la plus ancienne et la plus sincère, elle peut prendre fin si on ne fait pas attention. C’est terrible et on en parle peu, mais il existe des ruptures amicales. Il parait qu’elles font aussi mal que les ruptures amoureuses, même pire.


Là, je fais un constat qui me peine un peu, nos discussions ne sont pas super fluides, nos centres d’intérêts sont maintenant bien éloignés, nos différences font presque obstacle. Je sens une distance, quelque chose qu’on ne dit pas mais que l’on peut palper, surtout quand on se connait si bien.

Je suis quelqu’un qui n’a vraiment pas peur du silence, mais il y a les silences et LE silence, celui dont on devrait toujours se méfier. Parce qu’il dit beaucoup et s’installe insidieusement.


Je sais parfaitement pourquoi, les deux dernières années ont été très mouvementées et notre amitié est mise à l’épreuve plus qu’elle ne l’a jamais été. Il ne s’agit pas de disputes, de cris, de chamailleries, c’est quelque chose de plus complexe, de l’ordre de la transformation.

Quand le temps viendra, il va falloir parler. Pour de vrai. Réinventer une manière de fonctionner et de communiquer si l’on veut rester des BFF comme on se l’est promis tant de fois quand on avait quinze ans.


Pas pour l’instant, je sens que ça n’est pas encore le moment et qu’on doit chacune prendre le temps de vivre et d’apprendre certaines choses de notre côté. J’espère de tout coeur pour mieux se retrouver. On sera pas loin les une des autres quoiqu’il arrive en attendant.


Le soleil ne nous fera finalement pas l’honneur de sa présence, et globalement, dedans et dehors, il fait un peu froid.







10 mai :



Le rythme va être effréné ce mois ci. Antho travaille énormément, et avec son travail c’est évidemment surtout le soir et les week-ends, moments où il y a le plus d’action à la maison.


Depuis le début de la grossesse, je me suis beaucoup “reposée” sur lui, particulièrement en fins de journées où je suis souvent éclatée de fatigue. C’est à dire que je pourrais littéralement aller me foutre au pieu à 17h et commencer ma nuit !

Souvent il gère tout seul le tunnel du soir, la douche, le rangement de fin de journée, le brossage de dent, le coucher, pendant que je monitore le tout depuis le canap. Tout ce qui nécessite de se plier, se baisser, porter, que je peux faire dans l’absolu, mais au prix d’une grosse barre douloureuse dans le dos après coup.


Antho discute toujours beaucoup avec moi de son planning. Il sait que son emploi du temps c’est NOTRE emploi du temps, que si je n’étais pas là lorsqu’il part travailler, il lui serait très difficile de faire tout ce qu’il fait.

Il fait toujours en sorte de ne pas être parti trop longtemps et lorsqu’il doit s’absenter plusieurs jours de suite, il anticipe le maximum de choses pour que ce soit le plus confortable pour moi : il va faire en sorte de partir en laissant la panière de linge vide, le frigo plein, les poubelles changées, le ménage fait.


En ce moment il se soucie pas mal de savoir si je vais physiquement pouvoir assurer lors de ses déplacements, jusqu’à présent ça a roulé, aussi parce que j’ai une petite fille adorable et coopérative, avec qui c’est un bonheur de trainer après l’école, qui a 4 ans et demi et sait faire plein de choses sans mon aide.


Je suis et ai toujours été très heureuse qu’il puisse bosser sur de beaux projets qui lui plaisent, je considère que dans un couple, on ne devrait jamais mettre l’autre en cage ni le freiner dans ce qui fait sa particularité.

Nous sommes deux saltimbanques et jusqu’à présent, on a toujours réussi à faire en sorte que nos drôles de vies ne soient pas un obstacle à la famille, au contraire.


Puis nous sommes aussi deux travailleurs indépendants alors quand on s’arrête de bosser, il n’y a pas d’argent. Pas de chômage, rien. J’accouche d’ici 3 mois, d’ici là il faut coffrer si on veut pouvoir ralentir le rythme à partir de Juillet.


Pour Indie, Antho a bossé le jour de l’accouchement, je suis restée quelques heures solo à la maternité pendant qu’il passait sur un tournage, puis on ne s’est pas vraiment arrêtés après sa naissance, on s’arrangeait entre nous, mais il n’y a pas eu de vrai congé ni pour lui ni pour moi.

Là ce sera différent, on aura besoin d’être à deux au maximum, on aura Indie + un autre bébé. J’ai envie qu’on en profite un peu, qu’on puisse vraiment se mettre dans notre bulle pour quelques semaines, sans interruption travail, sans rush, sans agenda autre que celui d’être ensemble !


Alors ce mois-ci, Antho va beaucoup bosser, puis moi, j’aurai mal au dos.


Mais ce n’est pas grave, ça va le faire, on s’aime et on se soutient, c’est l’essentiel.







La semaine prochaine : le mois 7 !







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